Grève des contrôleurs aériens: un ancien patron de compagnie aérienne dénonce "une prise d’otages"

Le ciel français risque d’être bien vide, ce jeudi. A cause de la grève des contrôleurs aériens, qui s’annonce massive, le trafic va être fortement impacté avec 75% de vols annulés à Orly, 65% à Roissy-Charles-de-Gaulle et à Marseille, 60% à Toulouse et à Nice. Pour Marc Rochet, président du cabinet Aérogestion et ancien président des compagnies aériennes Air Caraïbes et French Bee, ce mouvement social est "sans doute de trop". "Cette grève est déplacée, elle n’est pas justifiée", assure-t-il dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story.
Plus tôt, sur RMC, un contrôleur aérien a expliqué que "la DGAC et donc l’Etat veulent nous rajouter beaucoup plus de jours de travail, avec des journées exceptionnelles l’été". "Je ne le crois pas, répond Marc Rochet. A chaque fois qu’il y a des sauts technologiques importants, je ne vois pas en quoi cela augmente le travail des contrôleurs aériens. Ça leur permet de travailler mieux, plus sereinement, d’être concentré sur leur passion. Cette passion est respectable mais ce n’est pas pour autant que ça leur donne le droit de prendre en otage des passagers, des compagnies aériennes, et donc quelque part l’économie française. C’est une prise d’otages. Elle est condamnable, elle n’est pas justifiable."
"Il faut se moderniser, s’adapter à l’environnement européen"
"Ils ont un fort pouvoir de nuisance, ajoute l’ancien patron de compagnie aérienne au sujet des contrôleurs aériens. L’Etat, qui est leur autorité en quelque sorte, a été année après année d’une faiblesse remarquable. On ne peut plus reculer. Il faut se moderniser, s’adapter à l’environnement européen. Je crois que c’est possible, tout en préservant les conditions de travail, qui sont assez favorables mais tant mieux pour eux, des contrôleurs aériens. Il faut penser aux jeunes. Il y en a beaucoup qui ont envie de faire ce métier, d’avoir cette passion. On ne peut pas se bloquer sur son passé, au risque d’ailleurs pour les contrôleurs aériens d’avoir à vivre dans les années qui viennent une plus forte automatisation voire, à long terme, une réduction très significative du besoin de contrôleurs que nous avons."
Avec leurs conditions de travail, notamment leurs 32 heures hebdomadaires et le départ à la retraite à 59 ans, les contrôleurs aériens sont "bien traités" selon Marc Rochet. "C’est un travail qui demande beaucoup de concentration, d’être serein, de la réflexion… Leurs horaires sont de 32 heures. Souvent, d’ailleurs, ils font un peu moins. Mais ce n’est pas un problème en soi. Le vrai problème, c’est le comportement avec ces prises d’otages qui ne sont pas acceptables. Elles ne profitent jamais à ceux qui le font, on le voit dans tous les domaines. Ces mouvements ne profitent à personne. Ils ne font que du tort, y compris à ceux qui en sont à l’origine."