"Ils veulent nous rajouter beaucoup plus de jours de travail": un contrôleur aérien justifie la grève

Un jeudi noir dans les aéroports français. A moins qu’une solution de dernière minute ne soit trouvée avant la fin des négociations ce mercredi midi entre la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) et les syndicats des contrôleurs aériens, de nombreux vols vont être annulés en raison d’un mouvement de grève qui s’annonce massif dans les tours de contrôle. A Orly, 75% des avions ne devraient pas décoller. C’est 65% à Roissy-Charles-de-Gaulle et à Marseille, 60% à Toulouse et à Nice…
Alors qu’une "trêve olympique" avait été promise, l'ensemble des syndicats des contrôleurs aériens appellent à la grève ce 25 avril après l'échec de négociations sur les mesures d'accompagnement, notamment salariales, d'une refonte du contrôle aérien en France. Depuis plus d'un an, la DGAC planche pour réorganiser de fond en comble le dispositif français de la navigation aérienne, pour le rendre plus efficace et plus productif alors que d'ici 2030, on attend une augmentation du trafic aérien de 20 à 30%.
Le syndicat majoritaire (SNCTA) a déposé un deuxième préavis de grève, sur trois jours cette fois-ci et en plein week-end de l'Ascension, les jeudi 9 (férié), vendredi 10 et samedi 11 mai. Le deuxième syndicat des contrôleurs aériens (Unsa ICNA) a de son côté déposé un autre préavis courant sur l'ensemble du mois de juin.
"Quand on commence à 6h et qu’on finit à 14h, on est rincés"
Jean-Baptiste, contrôleur aérien de 30 ans, ne pourra pas "techniquement" faire grève ce jeudi. Mais il juge le mouvement "compréhensible". "Ce qu’ils veulent changer, c’est l’organisation entière du travail des contrôleurs aériens, explique-t-il dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story. Certes, ce métier a des avantages. Les contrôleurs aériens sont bien payés. Mais ça vient avec le travail, l’expérience… Ce n’est pas donné au commun des mortels." Des contrôleurs qui travaillent 32 heures par semaine.
"Le plus gros argument (pour la grève, NDLR), c’est que la DGAC et donc l’Etat veulent nous rajouter beaucoup plus de jours de travail, avec des journées exceptionnelles l’été, dénonce Jean-Baptiste. Ils veulent casser tout le roulement de service des contrôleurs aériens pour qu’on travaille beaucoup plus l’été et beaucoup moins l’hiver. La DGAC a décidé de se servir notamment des JO pour nous imposer un protocole qui n’est absolument pas en notre faveur, qui n’est pas un statut quo."
"Après, nous, est-ce qu’on est à plaindre? Non, absolument pas, reconnaît ce contrôleur aérien. Mais parler d’avantages sur les billets par exemple, ça existait il y a 30 ans, mais sinon non, il n’y en a plus. On fait 32 heures par semaine mais quand on est sur secteur, il n’y a pas de problème, il n’y a personne qui ne fait rien. Quand on commence à 6h et qu’on finit à 14h, on est rincés et la première chose qu’on fait en rentrant, c’est la sieste."
Agriculteur dans la Vienne, David (47 ans) a du mal à comprendre les revendications des contrôleurs aériens. "Je ne vais pas partir dans la jalousie, assure-t-il sur RMC. Si j’avais voulu être dans les mêmes conditions, j’aurais travaillé pour. Mais quand j’entends cet aiguilleur du ciel sur ses horaires, moi, je commence à 6h et la plupart du temps, je débauche à 17h. J’ai une double activité. Le week-end, je fais entre 25 et 30 heures dans mon exploitation. Et je touche en gros 800 euros par mois pour mon exploitation. J’ai un bon salaire à côté, mais pas à leur niveau. Je fais 45 heures dans la semaine en tant que chauffeur poids lourd. Il y en a d’autres qui devraient se plaindre plutôt qu’eux."