"L’accord n’a pas été respecté": pourquoi un préavis de grève a été déposé par les contrôleurs SNCF

Pas de train pendant un week-end de vacances scolaires? C’est la menace qui plane après le préavis de grève déposé par les contrôleurs SNCF, du 15 février à 20h au 19 février à 8h. A l’origine de ce mouvement, le Collectif national des agents du service commercial train (CNA) qui a poussé le syndicat Sud-Rail à déposer le préavis.
"Il y a plusieurs raisons, explique Fabien Villedieu, membre du bureau fédéral de Sud-Rail, dans Apolline Matin ce lundi sur RMC et RMC Story. En décembre 2022, il y avait eu déjà une grève des contrôleurs avec un accord qui avait été signé par les organisations syndicales, et qui engage la direction et les syndicats. Et cet accord n’a pas été respecté sur plusieurs points. Il devait mettre en place une reconnaissance de la pénibilité, ce qui permet de partir un peu plus tôt, et ça n’a pas été mis en place. Il devait y avoir des questions d’accompagnement systématique des trains, notamment des TGV. Plus d’un an après, des mesures n’ont toujours pas été respectées."
Les usagers de la SNCF peuvent-ils avoir l’espoir que le préavis soit levé avant son entrée en vigueur? "La grève, ce n’est pas une fatalité, assure Fabien Villedieu. On a posé un préavis trois semaines avant pour pouvoir négocier. Je rappelle que la loi, c’est cinq jours avant. On se laisse le temps de la négociation. Ce qui est sûr, c’est que si la direction ne fait pas de véritable proposition, il y aura grève."
"Si on n’évolue pas, on crève"
Cette menace de grève est donc soulevée d’abord par la base, avec ce collectif à l’origine de la contestation. Un danger pour les syndicats? "Si les syndicats ne s’adaptent pas, ils vont mourir, prévient le membre du bureau fédéral de Sud-Rail. Il y a des collectifs qui se mettent en place, avec une très grande reconnaissance. Certains contrôleurs ont plus confiance envers ce collectif qu’avec ma propre organisation syndicale. On travaille avec eux quand on a des intérêts convergents. Une des mesures importantes dans la grève proposée, c’est une revalorisation de la prime de travail. Il y a une insatisfaction de l’accord salarial."
"La légitimité, ça va souvent avec la popularité, ajoute Fabien Villedieu. Il suffit de discuter cinq minutes avec un contrôleur pour se rendre compte qu’ils ont une certaine forme de légitimité. Par contre, on est encore obligé de passer par les organisations syndicales, et ça nous arrange bien, pour poser les préavis notamment. Et pour négocier, parce que c’est encore du ressort des organisations syndicales. C’est une nouvelle forme de contestation. A Sud-Rail, on est jeunes, on s’adapte. Ça nous va bien, ce type de mobilisation. On aime bien être bousculé. Si on n’évolue pas, on crève."
Et plus largement, Sud-Rail attend une meilleure répartition des bénéfices de la SNCF. "La SNCF va annoncer quasiment 2 milliards de bénéfices en 2023, après 2,4 milliards en 2022, assure Fabien Villedieu. A un moment donné, les cheminots veulent le retour du travail qui est fait."