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Le gouvernement assouplit les ZFE: les écologistes dénoncent "une erreur majeure"

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Le calendrier d'instauration de zones à faibles émissions (ZFE) a été assoupli dans six villes présentant de bons niveaux de qualité de l'air. Une aubaine pour les municipalités et certains automobilistes, une "erreur" pour les écologistes.

Les restrictions des ZFE, ces zones à faibles émissions visant à bannir des centres-villes les véhicules les plus polluants, vont être assouplies dans plusieurs villes. À Toulouse, Reims, Grenoble, Montpellier, Saint-Etienne et Nice, ces zones ne seront pas renforcées car la qualité de l'air s'est améliorée dans les rues. Concrètement, ces six métropoles n'auront pas à suivre le calendrier légal, l'interdiction des véhicules Crit'Air 4 au 1er janvier 2024 (voitures diesel de plus de 18 ans), puis des Crit'Air 3 en 2025 (voitures diesel de plus de 14 ans et voitures essence de plus de 19 ans), au grand dam des écologistes.

Seules Paris, Marseille, Lyon, Strasbourg et Rouen vont devoir continuer à durcir les interdictions, a annoncé ce lundi le ministre de la transition écologique Christophe Béchu lors d'un comité ministériel consacré à ces ZFE. "La carte des ZFE est une carte vivante", a défendu le ministre, justifiant la suspension des futures restrictions de circulation dans certains territoires.

À Reims par exemple, l'air est moins pollué, les seuils réglementaires de qualité de l'air ont été respectés sur trois des cinq dernières années. L'agglomération a donc décidé de mettre en place un moratoire. Les véhicules Crit'Air 3, qui devaient être bannis de l'agglomération dès le 1er janvier 2024, pourront encore circuler jusqu'en 2029.

"Permettre à ceux qui avaient du mal à suivre, de suivre"

Cette suspension doit permettre de rendre ces zones à faibles émissions acceptables, avance le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc. "Pour les plus modestes, ça allait trop vite", estime-t-il au micro de RMC. "Il ne s'agit pas d'interrompre le mouvement mais de permettre à ceux qui avaient du mal à suivre, de suivre", ajoute l'élu. Dans sa ville, une voiture sur six est Crit'Air 3. Pour renouveler le parc automobile, les incitations financières à l'achat de voitures neuves seront maintenues.

Mais ce principe de dispenser certaines villes de restrictions supplémentaires met en colère le maire écolo de Grenoble, Eric Piolle: "C'est une erreur majeure pour la pollution de l'air, ça va être le nouveau scandale de l'amiante", peste l'édile.

"C'était une opportunité d'avancer sur le climat et on se dit 'on a bien bossé, ça s'améliore un peu on reprend la vie comme avant'. C'est le contraire de ce qui doit être fait pour l'avenir, ajoute l'élu.

"La qualité de l'air reste mauvaise"

À Grenoble, une ZFE a été officiellement créée ce lundi, alors que la ville aurait pu en être dispensée car au moins trois fois sur les cinq dernières années, la ville est repassée sous les seuils réglementaires de qualité de l'air.

Cette suspension des obligations est une possibilité mais pas une obligation légale, rappelle le gouvernement. Mais pour l'association écologiste Respire, c'est un mauvais signal politique qui risque de dissuader les collectivités de prendre des mesures ambitieuses. "Cela ne va pas mieux, la qualité de l'air reste mauvaise", souligne sur RMC et RMC Story Tony Renucci, le directeur général de l'association Respire, qui estime qu'il faut se baser sur les seuils de qualité de l'air de l'OMS et non ceux de l'Union européenne, qu'il n'estime plus à la hauteur.

"Ils disent que ça s'améliore parce que ça arrange politiquement. Dire qu'il n'y a pas besoin de prendre des mesures, c'est un mensonge", ajoute-t-il.

Caroline Philippe, Martin Bourdin et Guillaume Dussourt