Le possible déplafonnement du prix de la carte grise exaspère les automobilistes: "On est des vaches à lait"

Première étape validée pour le projet de budget de l'État. Le texte a été voté jeudi au Sénat à 217 voix contre 105. De quoi peut-être entraîner une hausse importante du montant des cartes grises. Car, à la recherche de recettes, le gouvernement, mais aussi les députés et les sénateurs semblent d'accord pour augmenter la fiscalité sur l'immatriculation des véhicules.
C'est ce qui devrait être étudié en commission mixte paritaire le 30 janvier. Une taxe régionale, aujourd'hui limitée à 60 euros par cheval fiscal, qui donc pourrait être déplafonnée. Si ça passe, 60 euros, ce sera le minimum.
Comme son nom l'indique, la taxe régionale est décidée chaque année par les régions. Elle dépend donc non seulement de l'endroit où vous habitez mais aussi de la puissance de votre véhicule. Plus votre véhicule thermique est puissant, plus vous cumulez ce qu'on appelle des chevaux fiscaux, plus vous payez cher votre carte grise.
"On est des vaches à lait depuis très longtemps, ça continue"
Ce plafond de 60€ pourrait donc sauter car les régions ont besoin d'argent. D'ailleurs, huit d'entre elles, n'ont pas attendu la levée du verrou et ont déjà revu leur tarifs à la hausse au 1er janvier 2025.
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Car même si cette taxe est de moins en moins rentable, elle a rapporté deux milliards d'euros en 2023 aux régions, selon l'association Régions de France. C'est 7 à 8% de leurs ressources pour financer notamment le ferroviaire ou les transports en commun.
“Quand vous gérez une région, vous êtes obligés d’avoir un budget qui ne dépasse pas vos recettes c’est dans la loi. Et comme il y a moins de dotations de l’Etat, on va chercher l’argent où? Dans la poche des automobilistes. On est des vaches à lait depuis très longtemps, ça continue”, déplore sur RMC, Yves Carra, porte-parole de Mobilités Club France.
"C’est complètement lunaire"
Et ce changement de plafond n’est pas vu d’un bon œil en concession automobile. A la recherche de la bonne affaire, Kylian fait le tour des concessions pour trouver une nouvelle voiture. "J’ai décidé d’acheter une voiture un peu plus puissante, un peu plus fiable", indique-t-il.
Avec un déplafonnement de la taxe, la carte grise pourrait coûter plus cher. De quoi freiner Kylian dans projet d'achat. “J’avais prévu d’acheter une voiture avec 150 chevaux minimum. Si là par exemple la Golf 6 que j’ai vu dans ce garage on me dit que la carte grise est à 500 euros, forcément ça va me faire hésiter”, confie-t-il.
Une crainte partagée par Mohammed Sahli, patron de concession en région parisienne. “C’est complètement lunaire, déjà le marché de l’automobile ne se porte pas bien du tout. Et que ce soit pour les véhicules neufs ou les véhicules d’occasion, ça peut avoir un impact et on va le sentir tout de suite”, explique-t-il.
"Pour nous c'est vital" se défendent les régions
Ce sont les régions qui perçoivent cette taxe, et décident de son montant. Avant même le déplafonnement plusieurs ont déjà appliqué une augmentation. C'est le cas de la Normandie. La carte grise est le dernier impôt que contrôlent les régions, se défend Virginie Lutrot, vice-présidente chargée du budget et des finances.
“Ce n’est vraiment pas pour punir ceux qui achètent des voitures. C’est une recette juste pour maintenir nos niveaux d’investissement. Donc pour nous c’était vital”, assure-t-elle.
Le projet de déplafonnement de cette taxe devrait arriver le 30 janvier en commission mixte paritaire.