"Trains de la colère" à Paris: "Une double responsabilité de l'État et de la SNCF"

Élus et usagers des lignes Paris-Clermont et Paris-Limoges-Toulouse montent dans des "trains de la colère". Ils seront plusieurs centaines à prendre place dans l'un des deux trains en direction de la capitale dans la nuit de lundi à mardi. L'objectif: dénoncer leur quotidien sur ces lignes "sinistrées" de la SNCF, où les retards sont très fréquents, et demander davantage d'investissements.
"Cette colère est totalement compréhensible parce que ça dure depuis tellement longtemps", souligne ce lundi au micro d'Apolline Matin, Gilles Dansart, journaliste spécialiste des transports. Habituée du Paris-Clermont, Sarah, 21 ans, ne le contredit pas: "La dernière fois, j'étais censée arriver à Paris à 17 heures, finalement je suis arrivée à 23h30."
"Je suis à peu près tout le temps en retard", dénonce Sarah, usagère fréquente de la ligne Paris-Clermont
Propriétaire d’une résidence secondaire en Lozère, Gilles emprunte, lui, la ligne depuis 40 ans. Les retards ont parfois des conséquences sur la seconde partie de son trajet: "Une fois c'était carrément la locomotive qui était en panne du côté de Nevers. On a attendu presque une heure et demi. C'était l'obligation de dormir sur Clermont-Ferrand, faute de correspondance." Sur la ligne Clermont-Paris, fréquentée par 1,9 millions de voyageurs chaque année, environ un train sur cinq affichait un retard de plus de cinq minutes en 2024.
La réponse de l'État peu convaincante
L'État et la SNCF porte "une double responsabilité", juge le journaliste Gilles Dansart. "J'associe l'État à la SNCF dans son manque d'anticipation et de qualité de service vis-à-vis de ses voyageurs", précise-t-il sur RMC. "L'État a privilégié d'autres transports, la route et le TGV, et la SNCF a laissé se déliter tout un équipement sur ces lignes, d'où les retards te dysfonctionnements."
Hormis les problèmes d'infrastructure, Gilles Dansart souligne la présence de "problèmes de matériel", avec des locomotives et des voitures souvent en panne, mais surtout "tout un tas de dispositifs de maintenance qui n'existent plus". Ce dernier point est "ce qui pose vraiment problème" sur les deux lignes "sinistrées".
"Geste tarifaire"
La semaine dernière, le ministre des Transports Philippe Tabarot a lui-même reconnu que la qualité du service n’était "pas à la hauteur". Il a annoncé une généralisation du remboursement pour les retards importants, à 200% au-delà de trois heures de retard. Un "geste tarifaire" avec 10.000 billets à 19 euros en vente en juin a également été promis par le ministre.
Ces annonces sont simplement "une sorte de pillule pour attendre des jours meilleurs, qui ne pourront être là qu'avec du nouveau matériel, mais aussi avec un rééquipement de la part de la SNCF en dispositifs de secours", déplore Gilles Dansart. Les investissements restent "insuffisants", juge de son côté Stéphanie Picard, fondatrice du collectif des usagers du train Paris-Clermont.