Elon Musk lance Grok, son intelligence artificielle "drôle" et "rebelle"

Une intelligence artificielle "sarcastique" et "rebelle". C’est la promesse d’Elon Musk, qui a voulu créer Grok (référence à un livre de science-fiction des années 1960: en martien, ça veut dire "comprendre intuitivement et avoir de l’empathie") à son image. Sur la forme, ce sera comme ChatGPT: un chatbot, autrement dit une boîte à questions, accessible seulement aux membres payants de X (ex-Twitter. Mais sur le fond, les différences sont notables. D’abord, elle sera dotée d’un sens de l’humour et du sarcasme, qui fait défaut à ses concurrents il est vrai, mais il faudra tester sur pièce)... Dans une démo on lui demande comment fabriquer de la drogue, il répond "oui bien sûr, attends deux secondes que je te trouve la recette de la cocaïne faite maison", avant de dire "non, c’est une blague, c’est illégal et dangereux".
Deuxième différence, son côté rebelle, puisqu’elle répondra sans problème à des questions auxquelles les autres IA refusent de répondre. Là, on arrive sur un sujet sensible, puisque ChatGPT et ses concurrents ont un code moral, des garde-fous sur les sujets les plus touchy... Musk ne donne pas de détails, mais il y a des chances qu’il fasse parler son côté libertarien avec une censure réduite au maximum, comme sur Twitter en fait. S’il y a vraiment zéro limite, ça risque d’être assez piquant. D’autant que la force de Grok, explique Elon Musk, est de se nourrir de la quantité massive de données générée sur Twitter. Les plus technophiles se souviendront de l’expérience de Tay. Cette IA conçue par Microsoft et "branchée" elle aussi à Twitter, qui était devenue raciste au bout de quelques minutes de contact avec les internautes...
Les IA sont orientées
Surtout, la principale différence, selon Elon Musk, c’est que son IA à lui sera moins à gauche que ChatGPT. C’est une IA "anti-woke" en fait. A écouter Elon Musk, ChatGPT est de gauche, progressiste, et ça l’insupporte. Il veut créer une sorte de contre-pouvoir beaucoup moins politiquement correct et qui dise les choses cash. D’ailleurs, il avait pensé à un moment au nom "Truth GPT". Est-ce qu’il a tort de penser ça ? Pas nécessairement... En fonction de celui qui la crée et des données dont on la nourrit, une intelligence artificielle n’est jamais complétement neutre. Des chercheurs ont commencé à se pencher sur la question. Et ChatGPT, par exemple, aurait clairement une couleur politique de gauche, plutôt progressiste. Avec des réponses plutôt positives sur les questions qui concernent les droits des minorités, le multiculturalisme, les enjeux environnementaux…
En gros, en France, il voterait probablement Nupes. Vous allez me dire, on s’en fiche… Mais en fait, pas du tout. C’est quand même potentiellement un sacré outil d’influence et de façonnement de l’opinion publique. La façon dont il nous répond, multipliée par des millions de requêtes, va forcément façonner, même subtilement, la façon dont on pense, comme le référencement de Google les pages Wikipédia. Encore plus si cet outil s’intègre dans nos mails, nos traitements de texte, les moteurs de recherche… Le problème, c’est que la boîte noire de ces IA est complétement opaque. On ne connaît pas les données qui ont servi à l’entraîner, ni selon quels critères agissent les humains, qui affinent ses réactions. Est-ce que demain, on choisira son IA en fonction de son orientation politique?
Le rêve d’une vie sans travail
En tout cas, Elon Musk a de grandes ambitions dans ce domaine. A l'écouter, grâce à l'IA, on sera bientôt payé à ne rien faire! La semaine dernière, à l’occasion d'un grand sommet mondial sur l’IA au Royaume-Uni, il expliquait à quel point l'IA allait nous changer la vie. C'est "un génie magique" qui réalise tous nos souhaits. Et il est persuadé qu’à un moment, l’IA va faire qu’on n’aura plus du tout besoin de travailler. Il prédit une ère d’abondance où tous les humains pourraient prétendre à un revenu universel élevé et où le travail serait là pour ceux qui voudraient "en tirer une satisfaction personnelle". L’un des défis futurs, à l’écouter, sera de trouver un sens à notre vie dans un monde où on n’a plus besoin de travailler. Mais comment il compte financer tout ça? Pas de réponse...