IA, applis… Comment lutter contre le démarchage téléphonique

Comment mieux lutter contre le démarchage téléphonique? Malgré le durcissement des règles, trois Français sur quatre disent recevoir des appels au moins une fois par semaine. Mais on a trouvé une solution redoutable: une intelligence artificielle, qui répond à notre place aux appels indésirables et qui fait perdre le plus de temps possible à la personne au bout du fil!
C’est une invention américaine mais qui ne va pas tarder à arriver en France. Un outil technologique génial qui permet non seulement d’éviter de perdre du temps à répondre aux télémarketeurs, mais qui en plus va vous venger en faisant perdre du temps à la personne qui voulait vous en faire perdre, comme le call center à l’autre bout du monde qui vous propose de changer de forfait mobile ou les appels incessants pour le CPF... L’idée: utiliser l’intelligence artificielle pour filtrer les appels et répondre aux numéros que vous ne connaissez pas. A partir de GPT4, l’application Jolly Roger Telephone génère un clone vocal couplé à une IA générative. En clair: un robot qui va discuter avec le démarcheur comme si c’était une vraie personne.
Mais ce robot, il a été programmé pour ne jamais vraiment répondre, et pour délayer la conversation au maximum. Exemple, un organisme de crédit qui vous demande combien de cartes vous avez déjà. Le voicebot, puisque c’est comme ça que ça s’appelle, va répondre "oh là là, j’en ai tellement" et se mettre à les décrire une par une: "J’ai une carte avec des dessins de petits chats dessus, vous aimez les petits chats?". On peut choisir la personnalité de son clone vocal: "Whiskey Jack" qui répond dans un état second, "Sally" la mère de famille débordée... De quoi insupporter votre interlocuteur et le forcer à raccrocher (parfois après plus de 15 minutes de conversation infructueuse!). Le but étant non pas de martyriser le pauvre gars qui appelle, après tout c’est son boulot, mais de faire perdre du temps, et donc de l’argent, aux entreprises qui sont derrière. Le service est commercialisé aux Etats-Unis pour l’instant, ça coûte deux euros par mois.
Le problème, c’est que ça fonctionne dans les deux sens. L’IA peut répondre à notre place, mais on peut aussi s’en servir pour nous appeler. En gros, l’avenir, c’est un robot qui parle... à un autre robot. Demain, le vendeur de portes-fenêtres qui vous appellera, ce sera une machine, même si vous aurez l’impression de discuter avec un être humain. On a ce qu’on appelle des voicebots, des robots conversationnels, qui sont des logiciels conçus pour tenir une conversation naturelle avec un client potentiel, poser des questions, y répondre, vous faire des propositions, un peu sur le modèle des enceintes connectées que vous avez peut-être à la maison. Une révolution à venir dans les centres d’appel notamment, qui vont probablement disparaître. Car on commence à voir apparaître des logiciels tellement perfectionnés qu’on ne sait plus qu’on a une machine en face de soi tellement l’imitation de la voix humaine, la fluidité du ton, même les petites hésitations dans la voix, sont impressionnantes de réalisme. Et ces machines ultra réalistes, contrairement aux humains, pas besoin de les payer, et elles ne se reposent jamais.
Des applications anti-spam très pratiques
En attendant que ces nouveaux outils technologiques arrivent, on fait comment? De plus en plus, les smartphones font le boulot, avec des fonctionnalités "smart call" qui indiquent les appels indésirables potentiels. Et en plus de ça, vous pouvez installer des applications anti-spam, très pratiques pour détecter les démarcheurs ou des "ping call" (une seule sonnerie et on vous fait rappeler un numéro surtaxé). On peut citer TrueCaller, Orange Telephone ou encore Dois-je répondre?, qui vont filtrer automatiquement les numéros qui proviennent de services de démarchage ou d’arnaques, puisque ces numéros sont toujours les mêmes et qu’ils figurent sur une liste noire, une base de données gigantesque que l’application met à jour régulièrement.
Pour ceux qui ont encore un téléphone fixe à la maison, vous pouvez investir dans un téléphone antispam, spécialement conçu pour filtrer les appels publicitaires indésirables. Souvent, ces appels sont automatiques, générés par des robots, des logiciels, et c’est seulement quand vous répondez que vous entendez une personne à l’autre bout du fil. Pour contrer ça, le principe est finalement assez simple: si l’appel vient d’un numéro qui n’est pas dans vos contacts, le téléphone, avant de faire aboutir l’appel et de sonner, va demander à votre interlocuteur d’appuyer sur la touche 1. C’est tout bête, mais si c’est une machine, elle ne le fera évidemment pas, et l’appel va échouer, sans vous embêter.