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Nanorobot, intelligence artificielle… Quand l’innovation aide à faire des bébés

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Dans "Estelle Midi" ce mardi sur RMC, Anthony Morel explique comment la technologie va pouvoir aider à lutter contre l’infertilité.

Un grand plan contre l’infertilité pour relancer la natalité. Cela fait partie des annonces d’Emmanuel Macron la semaine dernière. Et dans ce domaine, la technologie avance à pas de géants. Avec des innovations censées aider les couples qui veulent un enfant et qui n’y arrivent pas, et des choses parfois complètement dingues... Parmi les pistes explorées parmi les scientifiques pour lutter contre l’infertilité masculine, le spermbot. C’est le nom d’un nanorobot conçu pour accompagner les spermatozoïdes jusqu’à l’ovule. Une des causes de l’infertilité, c’est la faible mobilité des spermatozoïdes. En gros, ils sont là, ils sont fertiles mais ils ne bougent pas, ou peu. Ce qu’ont mis au point ces chercheurs, c’est un robot qui va les prendre par la main si l’on peut dire… Ça prend la forme d’une hélice microscopique qui va s’enrouler autour d’un gamète mâle et qui va le propulser, comme un petit moteur, pour qu’il accomplisse son destin. Une fois l’oeuf atteint, le robot-hélice se détache, et le tour est joué.

Ce procédé serait appliqué uniquement dans les cas de fécondation in vitro. On n’a pas encore réalisé de tests sur l’homme. Cela peut sembler un peu fou, mais l’enjeu médical est conséquent. La concentration moyenne en gamètes chez les hommes a été divisée par deux en 45 ans, que ce soit pour des raisons génétiques, professionnelles ou environnementales (stress, sédentarité, alimentation…). Peut-être une petite révolution médicale, car le potentiel de ces nanorobots va bien au-delà. Ils sont tellement petits qu’ils sont capables de ramper à l’intérieur de vos organes, de remonter votre tube digestif, de nager dans vos fluides corporels… Ils pourraient servir à réparer des organes ou apporter des médicaments à l’endroit du corps précis où on en a besoin.

L’intelligence artificielle pourrait elle aussi aider. Une méthode utilisée aujourd’hui pour les hommes stériles, c’est de chercher dans un échantillon, en laboratoire, des spermatozoïdes potentiellement viables. Autant dire, une aiguille dans une meule de foin: aujourd’hui, ça se fait au microscope, et ça demande plusieurs heures à plusieurs personnes (des embryologistes). Il faut chercher la perle rare au milieu d’un amas de cellules, un travail de fourmi. Il existe désormais des algorithmes spécialement conçus pour détecter automatiquement ces spermatozoïdes en quelques secondes seulement, 1.000 fois plus vite qu’un œil humain même entraîné. C’est une sorte de reconnaissance faciale de spermatozoïdes. C’est la medtech NeoGenix Bioscience qui a mis ça au point. Là encore, on est dans les labos, il va falloir des essais cliniques pour valider tout ça scientifiquement, mais c’est une piste intéressante pour lutter contre l’infertilité. Sachant que d’autres algos sont capables de traquer la santé des spermatozoïdes ou le bon déroulement des divisions cellulaires lors d’une fécondation in vitro.

Attention aux applications

Et puis, il y a beaucoup d’objets connectés et d’applications censés aider les couples qui veulent avoir un enfant. Là, on ne parle plus forcément d’infertilité, mais plutôt d’optimisation de la fertilité en utilisant la tech. Des montres, des bracelets, des bagues connectées qui vont détecter, à partir des variations de température, les cycles menstruels, ou encore des applications qui permettent de suivre avec précision les cycles, les fenêtres de tir pour avoir un enfant, d’avoir un suivi jour après jour… La star en la matière s’appelle Clue, téléchargée des millions de fois. Mais gare à la confidentialité des données, variable d’une application à une autre. Certaines données peuvent être revendues (pour vous cibler avec de la pub). Aux Etats-Unis, c’est devenu un vrai enjeu pour les utilisateurs alors que l’avortement est devenu illégal dans certains Etats. Les données de ces applications pourraient potentiellement servir de preuves en cas de poursuites.

Anthony Morel