Éducation, sécurité, pouvoir d'achat... ce qu'il faut retenir des annonces d'Emmanuel Macron

Une batterie de mesures pour "une France plus forte et plus juste": Emmanuel Macron a multiplié les annonces mardi lors d'une conférence de presse pour donner corps à son concept de "réarmement", une semaine après la nomination de son nouveau gouvernement.
Régulation de l'usage des écrans, "refondation" de l'instruction civique, possible généralisation de la "tenue unique" à l'école en 2026, opérations "place nette" contre le trafic de drogue, "congé de naissance" et "plan fertilité" pour relancer la natalité, ou encore "acte II de la réforme du marché du travail": la grande conférence de presse, exercice rare pour le locataire de l'Élysée, a été fertile en annonces.
Attal prononcera sa déclaration de politique générale le 30 janvier
Emmanuel Macron a cependant renvoyé à son nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, qui prononcera le 30 janvier sa déclaration de politique générale, le détail de certaines mesures qui fâchent, comme la hausse attendue des tarifs de l'électricité, ou encore les contours des nouvelles réformes économiques et sociales qu'il a seulement effleurées.
Devant son gouvernement quasiment au complet et de nombreux journalistes rassemblés dans la salle des fêtes de l'Élysée, le président de la République a esquissé pendant plus de deux heures "le sens profond" de cette nouvelle phase de son action, après une année 2023 marquée par les adoptions chaotiques des lois sur les retraites et sur l'immigration.
Macron défend Amélie Oudéa-Castéra et aborde la question de l’école privée
"Je suis convaincu que nous avons tous les atouts pour réussir" et que "nous n'en avons pas fini avec notre histoire de progrès et que nos enfants vivront mieux demain, que nous ne vivons aujourd'hui", a assuré Emmanuel Macron.
Le président a défendu sa nouvelle ministre de l'Éducation, Amélie Oudéa-Castéra, qui a eu "raison de s'excuser" de son "propos maladroit" qui l'a placée au centre d'une vive polémique au sujet de la scolarisation de ses enfants dans le privé.
"On va continuer à s'attaquer avec forces" aux heures non remplacées dans les écoles, a-t-il martelé, récusant par ailleurs tout "conflit" entre école publique et privée. Il a par ailleurs défendu la nomination de Rachida Dati au ministère de la Culture malgré sa mise en examen dans une affaire de corruption présumée.
Combattre le RN
Alors que le Rassemblement national domine les sondages à six mois des élections européennes, Emmanuel Macron a accusé le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella d'être le "parti de l'appauvrissement collectif" et "du mensonge", appelant également à "s'attaquer à ce qui fait voter pour eux".
"Lutter contre l'immigration clandestine, c'est, je pense, une des réponses au Rassemblement national", a assuré le président, mettant également en avant la lutte contre le "chômage de masse" et appelant à remédier au "sentiment de dépossession" que peuvent ressentir les Français.
Polémique Depardieu
Il a également dit n'avoir "aucun regret" d'avoir défendu la "présomption d'innocence" de Gérald Depardieu, tout en concédant un "regret" de "ne pas avoir assez dit combien la parole des femmes qui sont victimes de ces violences est importante".
Nucléaire
Le locataire de l'Élysée annoncera "dès l'été les grands axes pour les 8 prochains" EPR, dans le cadre de la relance du nucléaire, après le lancement de six nouveaux réacteurs EPR.
SNU, téléphone, tenue unique… Plusieurs mesures dans l’Éducation
Premier axe des mesures annoncées mardi: la jeunesse et l'école. Emmanuel Macron entend réguler l'usage des écrans "pour nos enfants", sur la base d'un rapport d'experts qu'il a réunis la semaine dernière. Précisant qu'il y aura "peut-être des interdictions" et "des restrictions" pour les jeunes usagers.
Le président entend également "refonder l'instruction civique", dont le volume horaire sera doublé, avec une heure par semaine dès la cinquième, et souhaite "que le théâtre devienne un passage obligé au collège dès la rentrée prochaine".
Le président entend également voir expérimentée la "tenue unique" pour les élèves dès cette année dans une centaine d'établissements scolaires, en vue d'une éventuelle généralisation en 2026. Et a également souhaité rétablir des cérémonies de remise des diplômes "dès cette année" au collège, en se disant aussi au passage "totalement favorable" à l'apprentissage systématique de La Marseillaise en primaire.
"Nous irons vers la généralisation du Service national universel en seconde", a également annoncé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous sur ce chantier ouvert dès le premier quinquennat "dans les prochaines semaines".
Le tout assorti d'un mea culpa sur "l'égalité des chances": "je dois reconnaître avec netteté qu'après six ans et demi (...), nous avons amélioré des choses mais nous ne les avons pas radicalement changées".
"L'avenir des enfants de la République reste encore par trop déterminé par le nom de famille, l'endroit où l'on est né, le milieu auquel on appartient".
Sécurité
Deuxième thème abordé: la sécurité. Dix opérations "place nette" seront menées chaque semaine contre le trafic de drogue, a-t-il annoncé, dans une volonté de restaurer "l'ordre".
Pouvoir d'achat
Sur le plan économique, le président a demandé à son gouvernement des mesures permettant de "mieux gagner sa vie par le travail". Il souhaite par ailleurs que les fonctionnaires soient davantage rémunérés "au mérite".
Santé
Emmanuel Macron a par ailleurs défendu le doublement des franchises médicales, à 1 euro, une mesure envisagée depuis quelques mois qui ne serait pas "un crime terrible", et a dit souhaiter la régularisation de "nombre de médecins étrangers".
Relancer la natalité
Le président a également insisté sur la relance de la natalité, avec la création d'un "congé de naissance" de six mois pour remplacer le congé parental, ainsi que le lancement d'un "grand plan" pour lutter contre le "fléau" de l'infertilité.
International
Emmanuel Macron a également abordé les questions internationales, estimant que la poursuite par Israël d'opérations pas suffisamment ciblées à Gaza constituait "un risque dans la durée pour la sécurité" du pays.
Il a également annoncé que Paris avait "décidé de ne pas se joindre" aux frappes de la coalition américano-britannique contre les Houthis au Yémen une "pour éviter tout escalade".
Enfin, il a indiqué qu'il se rendrait "en février" en Ukraine et que la France allait livrer à ce pays 40 nouveaux missiles longue portée Scalp et "des centaines de bombes".
Réactions des politiques
Hors campagne pour sa réélection, Emmanuel Macron ne s'est prêté qu'une fois à cet exercice d'une longue conférence de presse tous azimuts, le 25 avril 2019, lui préférant le plus souvent l'échange direct avec les Français.
"Macron a éludé tous les sujets qui intéressent les Français" pour un "discours de politique générale lunaire et paternaliste", a dénoncé la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier.
"Les factures d'électricité vont augmenter, les prix des médicaments vont augmenter. Mais les salaires, eux, ne vont pas augmenter ! La messe est dite", a abondé le patron des communistes Fabien Roussel.
"Le grand rendez-vous avec la nation accouche d'une petite déclaration de bonnes intentions", a jugé, à droite, le président des sénateurs LR Bruno Retailleau.