RMC
Tech

Un ministre… artificiel? L’Albanie nomme "Diella", une IA, à la tête d’un ministère

placeholder video
Face à la corruption et aux promesses non tenues, l’Albanie tente une révolution: confier un portefeuille ministériel… à une intelligence artificielle. Tirana vient de nommer Diella, avatar féminin généré par ordinateur, "ministre" des marchés publics. Une première mondiale qui suscite curiosité, scepticisme et un débat brûlant: peut-on vraiment gouverner avec des algorithmes?

Et si, face aux crises politiques, on confiait les clés du pouvoir… à une machine? C’est l’idée, un peu folle mais bien réelle, qui vient d’être testée en Albanie. Tirana a annoncé la nomination d’un tout nouveau membre du gouvernement: Diella, une intelligence artificielle chargée des marchés publics. Une première mondiale.

Une ministre virtuelle pour lutter contre la corruption

Diella, qui signifie "soleil" en albanais, prend la forme d’un avatar féminin généré par ordinateur. Elle parle, répond aux questions et a été conçue avec un objectif clair : assainir les appels d’offres publics. Une IA, dit le gouvernement, ne se laisse pas corrompre par une valise de billets… Elle pourra même "recruter des talents dans le monde entier".

Reste à savoir quel sera son vrai pouvoir. Pourra-t-elle interagir avec ses collègues et les citoyens? Ses décisions auront-elles la même valeur que celles d’un ministre humain? Pour l’heure, le flou demeure.

De simple assistant à ministre

Car Diella n’est pas sortie de nulle part. Depuis janvier, elle servait déjà d’assistant virtuel pour aider les Albanais à remplir des formulaires administratifs en ligne. La voilà propulsée du jour au lendemain du guichet numérique… au rang de ministre. Une promotion éclair, mais qui soulève de vraies questions.

Sur le papier, l’idée séduit: des décisions rationnelles, objectives, qui ne changent pas d’avis d’un jour à l’autre. Mais une IA n’est jamais neutre. Elle est programmée par des humains, entraînée sur des données forcément biaisées. Le risque, préviennent certains experts, n’est pas de supprimer la corruption, mais de la rendre invisible derrière une "boîte noire".

Estelle Denis donne rendez-vous aux auditeurs de RMC et téléspectateurs de RMC Story pour son talk-show d’opinions et de débats. Toujours accompagnée de Fred Hermel, Emmanuelle Dancourt, Périco Legasse, Estelle Denis et sa bande s’invitent à la table des Français pour traiter des sujets qui font leur quotidien. « Estelle Midi », c’est de l’actu, des débats, des coups de gueule, des coups de cœurs, des infos et un zapping des meilleurs moments entendus sur RMC.
On n'arrête pas le progrès : Nos ministres bientôt remplacés par des IA ? - 15/09
4:17

D’autres expériences ailleurs

L’Albanie n’est pas seule à flirter avec l’idée de politiques artificiels. Au Royaume-Uni, un candidat virtuel surnommé "AI Steve" s’était présenté aux législatives l’an dernier. Derrière son avatar un peu figé, c’est un homme d’affaires britannique qui devait siéger s’il avait été élu. Résultat: 179 voix seulement.

Au Japon, en 2018, une IA avait même brigué la mairie de Tama, près de Tokyo, avec le slogan d’une politique "impartiale et objective". Elle a échoué… mais récolté tout de même 9% des suffrages.

Et en France?

L’idée peut sembler lointaine… mais une étude européenne citée dans la presse révélait récemment qu’un quart des Français se disent prêts à laisser des algorithmes gouverner à la place des élus. Ils sont 30 % en Allemagne, 43 % aux Pays-Bas. S’agit-il d’un vrai désir de gouvernance artificielle… ou simplement d’un ras-le-bol vis-à-vis des promesses non tenues des politiques?

Une chose est sûre: avec Diella, l’Albanie vient d’ouvrir un débat mondial. Machines politiques rationnelles et incorruptibles… ou chimère démocratique? L’expérience ne fait que commencer.

Anthony Morel