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Sommet sur l'océan: quel poisson choisir pour manger sain et durable?

Des poissons à bord d'un bateau de pêche au large de Guéthary, au Pays basque, le 14 janvier 2024.

Des poissons à bord d'un bateau de pêche au large de Guéthary, au Pays basque, le 14 janvier 2024. - GAIZKA IROZ / AFP

Du 9 au 13 juin se tient la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan, en présence de 60 chefs d’Etat ou de gouvernement. L'objectif est d'agir pour la protection durable des océans. Mais à leur échelle, les consommateurs peuvent également agir, en choisissant bien leur poisson.

Le sommet des Nations unies sur les océans s'est ouvert lundi, à Nice, avec pour objectif de renforcer la protection sous-marine.

À la table des discussions: l'exploitation minière des fonds marins, le traité international sur la pollution plastique ou encore la régulation de la surpêche et de la pêche illégale.

Car le constat est clair: nous mangeons trop de poisson. Selon l'association WWF, un tiers des effectifs de poisson sont en situation de surpêche. Par ailleurs, selon un rapport de la Fondation de la mer paru en novembre, un poisson sur cinq est issu de la pêche illégale.

À leur échelle, les consommateurs ont la possibilité d'agir en choisissant un poisson pêché légalement et dans de bonnes conditions, assurant ainsi à la fois le maintien des stocks et la sécurité sanitaire. Toutefois, les informations mises à la disposition des consommateurs sont difficilement lisibles et complexes à appréhender. RMC Conso vous aide à y voir plus clair en vous donnant cinq conseils pour choisir un poisson plus durable et bon pour la santé.

Poisson brut plutôt que transformé

Il est préférable de choisir un poisson brut plutôt que transformé, premièrement parce qu'un produit brut (et cela vaut pour toutes les catégories alimentaires) est toujours meilleur pour la santé: il ne contiendra ni additifs ni conservateurs. Mais il y a une deuxième raison: les règles en matière d'étiquetage obligatoire diffèrent selon que le poisson est frais ou transformé (en conserve, pané ou encore en plat préparé).

Elles sont beaucoup plus strictes pour les produits bruts et imposent que soient indiquées quatre mentions: l'espèce de poisson, le mode de production (poisson sauvage ou d'élevage), la zone de pêche et l'engin de pêche. Vous serez donc mieux informé sur la provenance de votre poisson et les conditions dans lesquelles il a été pêché en choisissant un poisson brut.

Choisir les petits poissons plutôt que les gros

Les poissons les plus répandus dans la grande distribution sont le thon, le saumon et le cabillaud. Ce sont aussi les trois espèces que nous consommons le plus. Mais pour éviter la surexploitation d'une espèce et préserver sa santé, il faudrait idéalement varier beaucoup plus notre apport en produits de la mer.

Privilégier les petits poissons, qui se trouvent en bas de la chaîne alimentaire, permet d'éviter de manger des poissons trop pollués. Les gros poissons prédateurs accumulent en effet plus de pollution en mangeant les petits poissons. En atteste la récente enquête de l'association Bloom, qui a révélé la présence de mercure en quantité excessive dans certaines boîtes de thon. Le thon est un poisson prédateur, au même titre que, par exemple, l'espadon ou le merlu.

Manger de petits poissons a également un intérêt en termes de durabilité, ces derniers étant plus nombreux et se reproduisant plus vite. Parmi eux, on trouve notamment la sardine, le maquereau, l'anchois, des poissons qui plus est riches en oméga 3. Parmi les poissons blancs, on peut citer le tacaud.

Mode de production, zone et engin de pêche

Sur l'étiquette, on sera attentif au mode de production: un poisson sauvage vaut mieux qu'un poisson d'élevage, certains élevages intensifs étant régulièrement dénoncés par les associations de défense des animaux, notamment L214, pour les conditions de vie désastreuses dans lesquelles les poissons sont élevés.

Évidemment, un tel choix aura un impact sur le prix, le saumon sauvage étant par exemple bien moins fréquent en supermarché et au moins 30% plus cher. Un autre élément à prendre en compte est l'engin de pêche utilisé. Vous verrez souvent écrit "chalut". Le chalut est un immense filet plongé au fond de l'océan, un mode de pêche décrié par les associations parce qu'il emporte tout sur son passage: poissons mais aussi coraux et algues, détruisant ainsi l'écosystème marin.

Le rendement de la pêche au chalut est bien plus important que celui de la pêche à la ligne ou au casier, des modes de pêche pourtant plus durables. L'engin utilisé aura donc aussi un impact sur le prix de vente du poisson.

Dernière information sur l'étiquette: la zone de pêche. Elles sont au nombre de 21, définies par la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, mais restent assez vagues. Vous verrez par exemple les mentions "Atlantique Nord-Est" ou "Pacifique Nord-Ouest".

"Les zones 27 et 37 correspondent à des zones dans l'Union européenne, assurant de plus grandes chances d'avoir affaire à une pêche effectuée dans des conditions correctes," explique Sabine Roux de Bézieux, présidente de la Fondation de la mer, contactée par RMC Conso.
"Le problème, c'est que cette classification ne distingue pas la haute mer, peu surveillée, des ZEE (Zone économique exclusive), les espaces maritimes qui se trouvent jusqu'à 370 km des côtes, bien plus surveillés," regrette-t-elle.

La présidente de la Fondation de la mer milite donc pour que cette classification obligatoire soit plus précise, et indique qu'il y a plus de pêche illégale dans l'océan Pacifique que dans l'océan Atlantique.

Par ailleurs, certaines espèces sont en situation de surpêche dans certaines zones et pas dans d'autres. À moins d'apprendre par cœur quelles zones sont gérées durablement selon l'espèce, c'est un véritable casse-tête. Retenez toutefois qu'il est préférable de choisir un poisson pêché le plus proche possible de nos côtes.

Se fier à un label

Il existe heureusement des labels pour se simplifier la vie. Ils ne sont pas parfaits, mais permettent au moins de s'assurer que l'on choisit un poisson pêché en toute légalité. Le label MSC, par exemple, garantit que le poisson a été pêché dans une zone où les stocks sont contrôlés. Il n'impose néanmoins pas de contrainte sur l'engin, du poisson pêché par chalut pouvant donc être certifié.

Label MSC
Label MSC © Wikipedia
"Il pourrait être amélioré mais il a tout de même fait ses preuves, nous le recommandons," valide Sabine Roux de Bézieux.

L'écolabel Pêche durable a été mis en place par le ministère de l'Agriculture en 2017. Assez contraignant, il est encore peu utilisé.

Ecolabel Pêche durable
Ecolabel Pêche durable © Ministère de l'Agriculture

Le label Pavillon France garantit que le poisson a été pêché par un bateau français. Attention, cela ne veut pas dire qu'il a été nécessairement pêché en France. Mais cela permet au moins d'éviter le risque d'un navire illégal.

Pavillon France
Pavillon France © Pavillon France

Respecter les saisons

Comme pour les fruits et légumes ou encore le fromage, il y a des saisons pour le poisson. Ainsi, on évitera de consommer du bar en hiver, parce que c'est sa période de reproduction. Le cabillaud se consomme plutôt pendant les trois premiers mois de l'année, de janvier à mars.

Les moules de Bouchot se mangent plutôt l'hiver, et si le moyen mnémotechnique qui consiste à dire que leur saison se situe pendant les mois en "bre" n'est pas tout à fait exact, il aide tout de même à se rappeler que ce sont des fruits de mer à éviter au printemps, leur commercialisation débutant à la fin de l'été.

Charlotte Méritan