Souffrance animale: faut-il interdire la pêche au vif avec des animaux vivants comme appâts?

Une proposition de loi visant à bannir la pêche au vif, qui consiste à utiliser des animaux vertébrés vivants comme appâts, notamment de petits poissons, va être débattue à l'Assemblée nationale. Un texte "historique" se félicite l'association "Paris Animaux Zoopolis" qui lutte depuis plusieurs années pour la prise en compte de la souffrance animale chez les poissons
Face à cette proposition de loi, déposée par des députés de gauche, la Fédération nationale de la pêche en France défend la liberté des pêcheurs. Elle rappelle qu'ils contribuent eux-mêmes au bien-être animal en préservant les cours d'eau français.
Une atteinte à la liberté des pêcheurs ?
Pêcheur depuis son enfance, Romain, désormais âgé de 38 ans, ne comprend pas "pourquoi ils viennent nous embêter". Lui pêche "deux fois par semaine" et assure, sur le plateau d'Estelle Midi, sur RMC ce lundi, "respecter la nature".
"Je pêche déjà sans crochet, car ça esquinte les babines des poissons. Laissez-nous tranquille. Si on interdit ça, il faut tout interdire", poursuit-il.
Chroniqueur d'Estelle Midi, Thierry Moreau, qui pêche de temps en temps pour le plaisir appelle lui aussi les associations à "les laisser tranquille".
Faut-il privilégier les vers de terre ?
Des propos auxquels s'oppose Cyrille, enseignant à Perpignan: "Je ne suis pas écolo du tout. Mais quand j'entends dire que le ver de terre souffre autant que le petit gardon de la pêche au vif, c'est n'importe quoi."
"Il faut arrêter tout ce qui fait souffrir les animaux vertébrés qui ont comme nous, un système nerveux. Vous vous imaginez ce qu'il prend la bestiole quand on lui plante l'hameçon, c'est l'équivalent d'un poignard pour nous. On ne peut pas faire ça", clame-t-il.
L'association "Paris Animaux Zoologis" (PAZ) écrit sur son site internet que "cette pratique engendre une souffrance animale intolérable". Cette technique ancienne est encore utilisée "régulièrement" par 6% des pêcheurs à la ligne mais jusqu'à 52% peuvent la pratiquer occasionnellement, selon un sondage de l'Ifop réalisé en 2021 pour le compte de la PAZ.
40% des pêcheurs à la ligne favorables à son interdiction
Ce même sondage montre également que 40% des pêcheurs concernés seraient favorables à l'interdiction de la pêche au vif. Presque autant que dans la population française où 47% d'entre eux seraient en accord avec cette proposition.
Les députés de gauche à l’origine de cette proposition rappellent que plusieurs pays européens ont déjà banni la pêche au vif sur leur territoire, notamment l’Allemagne, la Suisse et l’Irlande.
À Rennes, depuis mai dernier, la mairie a adopté une charte sur la condition des animaux. Dans ce texte, la commune s’engage à "étendre l’interdiction de la pêche à l’ensemble des étangs d’Apigné", seul lieu où la pêche au vif est autorisée dans les environs.