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Certains étudiants pourraient ne plus avoir accès aux aides au logement APL en 2026: voici pourquoi

La Caisse d'Allocations Familiales du Pas de Calais, le 15 avril 2015.

La Caisse d'Allocations Familiales du Pas de Calais, le 15 avril 2015. - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le budget 2026 pourrait comporter un article resserrant les conditions d'accès aux aides personnalisées au logement. Les étudiants étrangers et ceux rattachés aux 20% des foyers fiscaux les plus aisés en seraient privés.

Voilà bientôt deux semaines que Sébastien Lecornu a été nommé Premier ministre, et il n'a toujours pas nommé de gouvernement ni dévoilé de budget. L'horloge tourne pourtant: un projet de budget doit être présenté devant le Parlement au plus tard le 7 octobre.

Une fois le nouveau gouvernement nommé, il faudra qu'il planche sur un projet de loi de finances (PLF). Heureusement il ne part pas de zéro. En quittant Matignon le 8 septembre, François Bayrou a laissé le sien, de projet de budget. Celui-là même qu'il avait présenté le 15 juillet dernier, et qui devait permettre d'effectuer 44 milliards d'euros d'économies. Sébastien Lecornu pourrait s'appuyer dessus pour constituer son propre budget.

Certes, il a d'ores et déjà annoncé qu'il renoncerait à une des mesures les plus emblématiques de ce plan: la suppression de deux jours fériés. Mais il y en a d'autres, qui n'avaient pas été évoquées mi-juillet, qui font surface en cette rentrée. Le journal Les Échos a récemment révélé six d'entre elles.

Les APL restreintes pour certains étudiants aisés

Parmi ces mesures fiscales et sociales, il en est une qui concerne les aides au logement que sont l'aide personnalisée au logement (APL), l'allocation de logement familiale (ALF) et l'allocation de logement sociale (ALS). Selon le journal économique, les critères d'éligibilité à ces aides pourraient évoluer et restreindre le dispositif pour certains étudiants aisés.

Pour rappel à l'heure actuelle, il est possible de bénéficier des APL si l'on est locataire ou sous-locataire (déclaré au propriétaire) d'un logement. Et à condition de ne pas dépasser un certain plafond de revenus, qui peut varier en fonction de la composition de votre foyer et de la localisation de votre logement.

Mais il faut savoir que si l'on est rattaché au foyer fiscal de ses parents, la CAF (Caisse d'allocation familiale) ne tient pas compte de leur situation. Enfin, seulement dans un cas: s'ils payent l'impôt sur la fortune immobilière (IFI). Dans ce cas-là, vous ne pouvez pas bénéficier des APL, explique Service-Public.fr. Une situation plutôt rare puisque 186.000 foyers fiscaux sont soumis à cet impôt, soit 0,45% des 41 millions de foyers fiscaux que compte le pays.

Les étudiants étrangers aussi ciblés

Si vous êtes étudiant et que vos parents ont des revenus plutôt confortables, mais pas au point de payer l'IFI, vous pouvez donc toujours bénéficier des APL. Mais cela pourrait bien changer: le PLF de François Bayrou comporte un article qui exclurait les étudiants rattachés aux 20% des foyers fiscaux les plus aisés du dispositif. Bien plus que les 0,45% susmentionnés...

Les Échos écrivent également que les étudiants étrangers pourraient aussi être concernés par ce recentrage des APL. D'après Campus France, 430.466 étudiants étrangers étaient inscrits dans l'enseignement supérieur français au cours de l'année 2023-2024.

D'après les chiffres de la DREES, 5,62 millions de foyers bénéficiaient d'aides au logement en mars 2025. Au total, le coût de ce dispositif est estimé à 15,6 milliards d'euros. Cette exclusion de certains étudiants permettrait d'économiser 300 millions d'euros, affirment Les Échos.

Les APL non revalorisées en 2026?

À ce coup de rabot pourrait d'ailleurs s'en ajouter un deuxième. En effet dans le cadre de ce même projet de budget, l'idée de mettre en place une "année blanche" a été émise. Sébastien Lecornu n'est (pour le moment) pas revenu sur cette mesure comme il l'a fait avec la suppression des deux jours fériés.

Le principe d'une telle mesure? Le gel des prestations sociales. Toutes, y compris les APL donc, sont revalorisées chaque année à hauteur de l'inflation. Pour les APL, ce sera d'ailleurs le cas ce mercredi 1er octobre, où elles seront augmentées de 1,04%. Mais l'année blanche prévue dans le budget Bayrou ferait qu'en 2026, une telle revalorisation n'aurait pas lieu. Cette mesure permettrait d'économiser entre 5 et 15 milliards d'euros, d’après la commission des Finances du Sénat.

Mais bien sûr, tout cela est encore au conditionnel. On ne sait pas encore si l'exécutif de Sébastien Lecornu reconduira ces deux mesures du budget Bayrou dans son propre PLF. Interrogé par Les Échos, l'entourage du Premier ministre a dit qu'elle "ne communiquerait rien, tant qu'il n'aura pas fini ses consultations".

Arthur Quentin