"C'est pour faire passer d'autres mesures": l'abandon de la suppression de 2 jours fériés laisse sceptique

C’était l’une des propositions phares – et les plus décriées – du plan d’économies porté par François Bayrou : supprimer deux jours fériés pour dégager plus de 4 milliards d’euros dans le budget 2026. Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a décidé d’y renoncer. "Je souhaite que l’on épargne celles et ceux qui travaillent", a-t-il annoncé dans la presse régionale.
"Une bonne nouvelle pour les travailleurs pauvres"
Dans la rue, beaucoup accueillent cette décision avec soulagement. Pierre, capuche sur la tête, y voit "une bonne nouvelle pour les travailleurs justement en quête d’horaires mieux payés, pour les travailleurs pauvres c’est chouette", fait-il valoir auprès de RMC.
Mais pour d’autres, cette volte-face ne règle rien. Alain dénonce "un pur calcul politique" : "Je pense qu’il cherche à faire plaisir au maximum de gens et pas à se faire virer tout de suite." Nolwenn partage ce scepticisme : "C’était la proposition qui attirait l’attention de tout le monde. L’enlever, ça va permettre de donner l’impression de faire des concessions et éventuellement ensuite de faire passer d’autres mesures."
Les syndicats maintiennent la pression
Dans les rangs syndicaux, le retrait est salué mais jugé insuffisant. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, y voit "une première bonne nouvelle" mais rappelle qu’"il reste beaucoup à faire pour équilibrer le budget". Du côté de la CGT, Sophie Binet se félicite d’"une première victoire" et promet de "battre le fer pendant qu’il est chaud", appelant à renforcer la mobilisation du 18 septembre. "Ce retrait n’est absolument pas suffisant", prévient-elle.
Marianne, une manifestante interrogée par RMC, partage le même constat : "Le gouvernement va rester sur la même ligne, le président est sur la même ligne, nous on ne bouge pas non plus en fait."
Les entreprises restent sur leur faim
Côté patronat, le geste est perçu comme une main tendue mais loin de résoudre le problème de fond. "Ça ne règle pas le problème de productivité ni les difficultés de recrutement dans nos entreprises. Il faudra reparler du temps de travail", estime Bernard Cohen Haddad, président de la CPME Paris.
Sur le plan politique, Sébastien Lecornu a coupé court à toute idée de rouvrir le dossier des retraites. Pour faire passer le budget, c’est vers la gauche qu’il se tourne. "Je veux une discussion parlementaire moderne et franche, de très bon niveau avec le PS, les Écologistes et le Parti communiste", a-t-il déclaré, saluant une "gauche républicaine" qui "doit s’émanciper de La France insoumise".
En revanche, le Premier ministre exclut tout accord avec le Rassemblement national. "Si vous me demandez s’il faut passer un accord politique avec le RN, la réponse est évidemment non. En revanche, refuser de discuter à l’Assemblée avec des députés élus par un tiers des Français, ça n’aurait aucun sens", a-t-il expliqué.