RMC Conso
Habillement

Budget: pourquoi vos achats sur Shein et Temu risquent de vous coûter plus cher en 2026?

Des colis en attente de livraison sur une plateforme Colissimo au Thillay, en banlieue parisienne, le 5 décembre 2024 (photo d'illustration).

Des colis en attente de livraison sur une plateforme Colissimo au Thillay, en banlieue parisienne, le 5 décembre 2024 (photo d'illustration). - Grégoire CAMPIONE / AFP

Le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu vient d'annoncer son projet de loi de finances pour 2026. Parmi les mesures, il y a notamment la taxe sur les petits colis. En quoi consiste-t-elle? Qui sera impacté? RMC Conso vous explique.

Allez-vous dès l'année prochaine payer plus cher vos colis? En tout cas certains types de colis. Le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu a présenté, ce mardi 14 octobre, son projet de loi de finances pour 2026.

Ce budget a pour ambition de contribuer à réduire le déficit public, en prévoyant 17 milliards d’euros d’économies et 14 milliards d’euros de hausses de recettes.

Parmi les recettes, le projet de loi prévoit l'introduction d'une taxe de 2 euros sur les petits colis, qui permettrait au gouvernement d'engranger 1,6 milliards d'euros chaque année.

Une mesure déjà prévue dans le budget de François Bayrou. Mais alors, en quoi consiste-t-elle? RMC Conso vous fait le point.

Des colis de faible valeur et non européens

La taxe vise les colis de faible valeur, de moins de 150 euros, commandés directement en ligne par les consommateurs en dehors de l'Union européenne.

L'objectif est clair, lutter contre la concurrence déloyale des plateformes chinoises comme Shein et Temu, qui bénéficient d'exemptions de droits de douane sur les colis de moins de 150 euros, et qui fragilisent les commerçants français.

La taxe permet également de lutter contre les produits d'ultra fast-fashion avec les problématiques sociales et environnementales qui ne sont plus à prouver, de limiter l'entrée de produits non conformes dans l'Union européenne, mais aussi de ralentir la pression sur les réseaux de logistique.

Et pour cause, en 2024, près de 4,6 milliards de colis sont entrés sur le marché européen contre 1,4 milliard en 2022, selon les chiffres de la Commission européenne. Parmi eux, près de 91% provenaient de Chine.

En mai 2025, Marc Ferracci, alors ministre de l’Industrie et de l’Énergie indiquait à Ouest-France que "le nombre de colis arrivant sur le territoire français a doublé entre 2023 et 2024. On est passé de 400 millions à 800 millions de colis. C’est une véritable submersion et l’inquiétude est légitime".

"2 euros pour chaque article"

Ce projet de taxe est dans les tuyaux depuis le début de l'année 2025. Alors que la Commission européenne est encore en discussion à ce sujet, la France a décidé de prendre les devants et le gouvernement Bayrou avait déjà envisagé cette possibilité.

En avril dernier, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, évoquait une taxe de "quelques euros" par colis ou de "quelques centimes" par objet.

Finalement, la taxe est proposée à un montant de "2 euros pour chaque article contenu dans un colis", est-il écrit dans le budget, et non par commande.

Mais alors, qui payerait cette taxe? Sur ce point, le texte indique que ce sera "le déclarant en douane", donc le vendeur, la plateforme ou le service logistique de livraison.

Libre à eux de reporter cette taxe sur le montant du colis, et donc sur le consommateur. Et c'est là où le flou persiste encore aujourd'hui. Pour l'instant, impossible de savoir quelle sera la somme supplémentaire que le consommateur devra payer sur chaque colis.

Si un client achète 5 tee-shirts à 4 euros, la plateforme devra donc payer 10 euros de taxe sur cette commande. Un montant loin d'être anodin, qui met logiquement sur la piste d'un effort des consommateurs. Il faudra attendre que le budget soit voté. Affaire à suivre...

Emma Forton