"Septembre vert": la rentrée sera-t-elle vraiment synonyme de baisse des prix de l'alimentaire?

Le prix du panier alimentaire va-t-il enfin baisser à la rentrée? Tandis que les prix des fournitures scolaires subissent une réelle hausse cette année, d'un peu plus de 11% par rapport à 2022 selon la Confédération syndicale des familles, certains distributeurs sont de plus en plus pessimistes sur une baisse totale du coût des denrées alimentaires à la rentrée.
Plus question de parler de "septembre vert" pour les patrons de Leclerc ou de Lidl par exemple, car il est désormais plutôt question de promos ciblées en fonction des marques.
Une méthode à mettre en contraste avec les propos de Matignon, puisque fin juillet Elisabeth Borne annonçait un ralentissement de l'inflation à la rentrée, un phénomène qui ne devait pas échapper aux produits alimentaires.
Le 26 juillet dernier, la Première ministre avançait "qu'à partir de la rentrée, on va voir un ralentissement de cette inflation" touchant notamment l'alimentaire.
"On attend beaucoup des négociations en cours entre les industriels et la grande distribution", avait ajouté Elisabeth Borne, au sujet des prix de l'alimentaire.
Bercy anticipe une baisse "par plateau, petit à petit"
D'ailleurs, en juillet aussi, 39 industriels se disaient d'accord pour renégocier leurs prix ou pour mettre en place des promotions. Et pour être sûr que ces industriels mêlent la parole aux actes, la DGCCRF contrôle ces industriels pour s'assurer qu'ils ont bien fait une proposition et qu'elle soit bien perceptible en rayon.
Alors aujourd'hui, du côté du ministère de l'Economie, on reste toutefois confiant sur une baisse des prix dans l'alimentaire à la rentrée, notamment pour les marques distributeurs. Un conseiller de Bercy anticipe une baisse "par plateau, petit à petit" pour les prochains mois.
Cette confiance de Bercy, le directeur exécutif "achats" de Lidl France Michel Biero a tenu à la tempérer dans Apolline Matin, sur RMC et RMC Story. "Il ne faut pas vendre du rêve aux Français : on ne va pas revenir à des niveaux de prix d'avant", rappelle-t-il, pointant notamment du doigt le rôle des multinationales qui ne souhaitent pas renégocier leurs prix.
En parallèle, l'exécutif aussi tente de contrôler les engagements pris par les grandes marques pendant l'été. Un point d'étape entre industriels et gouvernement est prévu en septembre.
Des produits céréaliers moins chers?
Dans un premier temps selon Olivier Dauvers, spécialiste de la consommation et de la grande distribution, "en l'état de ce que l'on voit, sur l'énergie, le transport, les matières premières, hormis des cas exceptionnels, il faut attendre plutôt des baisses de prix sporadiques qu'une hausse générale".
Par ces exceptions, entendez le sucre ou encore l'huile d'olive par exemple. A l'inverse, bénéficiant d'une tonne de blé deux fois moins chère que lors du début du conflit en Ukraine, certains produits pourraient être plus accessibles dans les rayons des supermarchés.
"Les biscuits, le pain, il y en a aussi dans la volaille et le porc par exemple donc on est sur des produits sur lesquels on peut légitimement s'attendre à une baisse des prix", énumère Olivier Dauvers, spécialiste de la consommation et de la grande distribution.
Des baisses de prix aussi légères soient-elles, mais qui seraient une grande première depuis… janvier 2022. Toutefois, à l'heure où les consommateurs se détournent des grandes marques pour aller vers celles des distributeurs, moins chères, les industriels s'apprêtent, plutôt que de baisser leur prix, à miser sur la technique des offres promotionnelles selon l'économiste Flavien Neuvy.
"Comme la consommation des Français a baissé, il faut plutôt s'attendre à voir des promotions assez agressives pour attirer les clients dans les magasins. Pour autant, on ne peut pas s'attendre à une baisse généralisée des prix. Ce seront plutôt des promotions très ciblées sur certains produits pendant des périodes limitées", anticipe Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem.
Si les économies ne seront pas vraiment perceptibles dès la rentrée, les spécialistes ont une certitude, peu d'indicateurs laissent penser à un regain d'inflation ces prochains mois. La tendance restant donc à une baisse des prix sur le long terme.