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"Sans vocabulaire, les enfants tournent en rond" selon un linguiste

Plus de 9 parents d’élèves sur dix souhaitent réformer l’école selon un sondage BVA. Une insatisfaction des familles qui estiment, à 46%, que l'école ne permet pas à tous les élèves de maîtriser les fondamentaux (lire, écrire, compter).

L’école permet-elle à tous les élèves d’apprendre sur le même pied d’égalité? Selon un sondage BVA sur les attentes des parents pour 2017 en matière de réforme de l’éducation, la réponse est clairement négative. "Seuls 33% d'entre eux pensent que l’école sait s’adapter à chaque enfant". Une appréciation que partage le linguiste Alain Bentolila, qui estime que le système "est à la fois complaisant et cruel" parce qu'il piège les élèves dès la maternelle.

"Tout commence très tôt. C’est dès la maternelle que les choses se jouent, à l’entrée aux cours préparatoires. Sur un millier d’élèves qui passent un test de vocabulaire, 20% des moins dotés connaissent 250 à 300 mots, contre 2000 pour ceux qui en maîtrisent le plus. C’est un rapport de 1 à 10. Le drame, c’est que vous n’apprenez pas à lire avec deux cents mots, vous déchiffrez." 

Pour le linguiste, cette absence de maîtrise du vocabulaire condamne les élèves à se faire "matraquer au collège". 

"Sans vocabulaire, les enfants tournent en rond et tous les mots posent problème en terme de sens. Ils ne comprennent pas ce qu’ils lisent. Ils ont donc une maîtrise du langage faible, apprennent mal à lire et à écrire. Malgré ça, ils continuent dans les classes supérieures, parce que nous avons un système à la fois complaisant et cruel. On fait monter les enfants et on attend qu’ils soient au collège pour les matraquer. Je le disais dans une tribune, le collège est le cimetière des enfants fragiles".
100% Bachelot avec A.B.