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Pouvoir d’achat: comment mieux vivre de notre travail?

"Les 12 travaux du président Macron". Jusqu’au 13 mai, "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story aborde tous les jours à 7h10 les défis du second mandat d’Emmanuel Macron. Premier volet ce jeudi, sur le pouvoir d’achat.

C’était le thème le plus fort de la campagne présidentielle. C’est désormais l’un des principaux enjeux du second mandat d’Emmanuel Macron, réélu président de la République. Le pouvoir d’achat des Français est au cœur des préoccupations. Alors comment mieux vivre de notre travail ? Dans le cadre de la série "Les 12 travaux du président Macron", tous les jours à 7h10 dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story jusqu’au 13 mai, la question a été posée à Éric Heyer, économiste et directeur du département Analyse et Prévision de l’OFCE. Que doit faire Emmanuel Macron face à l’inflation ? Quelle est la priorité ?

"Il faut qu’il ait vraiment en tête une politique du logement bien plus dynamique que pendant le premier quinquennat. Il va falloir créer beaucoup plus de logements et beaucoup plus de logements sociaux", selon Eric Heyer.

"Il y a un élément conjoncturel, une flambée des prix, explique l’économiste. On peut espérer qu’on n’aura pas une inflation de 5-6% pendant tout le mandat. Lorsque les prix flambent, si votre salaire ne suit pas, on a du mal à s’en sortir, bien entendu. Il faut qu’il y ait des mesures à très court terme, transitoires, et bien ciblées sur certains ménages. Mais il y a aussi des problèmes très structurels. Le premier, c’est bien entendu le logement. Ça a été la grande absence du débat, alors que c’est vital. Vous pouvez vivre sans acheter une voiture, sans acheter un bien électroménager, mais vous ne pouvez pas vivre sans logement. Aujourd’hui, le prix du logement explose."

Réindexer "tous les minimas sociaux et les retraites"

Il n’y a pas que la politique du logement qui doit être concernée. Pour également aider les Français, "il faut à tout prix que tous les minimas sociaux et les retraites soient réindexées avec cette inflation", selon Eric Heyer. "Le salaire minimum, il va falloir l’indexer, il ne faut pas attendre six mois pour le faire, préconise-t-il. Il faut tenter de l’indexer un peu plus rapidement ou faire des mesures de compensation. Il faut que les salaires augmentent, c’est normal qu’ils suivent l’inflation." Avec tout de même une limite.

"Il y a un petit risque qu’il y ait un emballement, explique Eric Heyer. Si les salaires venaient à trop augmenter, les entreprises vont augmenter leurs prix et donc il y a une spirale avec une inflation durable. Et surtout, une inflation face à laquelle les banques centrales n’auront pas d’autre choix que d’augmenter les taux d’intérêt. Là, ça serait plus difficile pour investir, pour consommer. On rentrerait dans la ‘stagflation’. C’est un mot barbare pour dire qu’il n’y a plus de croissance mais que l’inflation est toujours là. Donc il faut éviter ça à tout prix. Il faut que les salaires augmentent mais pas non plus de façon démesurée. C’est pour ça qu’il faut des mesures d’aide à court terme."

Quant à la solution des primes pour les salariés, elle n’est pas idéale. "C’est un peu dangereux, selon l’économiste de l’OFCE. Les entreprises peuvent très bien dire qu’au lieu d’augmenter en salaire, elles donnent une prime. On peut se dire que c’est pareil et que, comme c’est défiscalisé, on va payer moins d’impôt. Mais attention, c’est vraiment un calcul de court terme. Sur votre prime, il n’y a pas de cotisation donc ça ne vous ouvre aucun droit. Si vous tombez au chômage, votre indemnisation sera plus faible. Et votre retraite aussi. C’est aussi assez inégalitaire parce qu’il y aura des grands groupes qui pourront se le permettre. Si vous êtes salarié d’un grand groupe, vous allez avoir votre prime et pourquoi pas un peu de salaire. Dans les petites entreprises, cette prime va être difficile à mettre en œuvre." Que décideront Emmanuel Macron et le prochain gouvernement ?

LP