Covid: faut-il réinstaurer le distanciel à l'école?

Le nouveau protocole sanitaire à l'école ne passe pas. Dévoilé par le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer à quelques heures seulement de la rentrée des vacances dans un article payant du Parisien, le nouveau protocole enjoint les élèves d'une classe à se faire tester dès l'apparition d'un premier cas de Covid-19. Seuls les enfants négatifs peuvent ensuite revenir en classe mais doivent subir deux autres autotests à domicile deux et quatre jours après.
Mais dans le même temps, de nombreux enseignants sont touchés par le Covid-19. Le Conseil scientifique estimait fin décembre qu'un tiers des enseignants pourraient être atteints par le virus alors qu'entre 5 et 10% d'entre eux sont déjà contaminés et absents, assurait mardi Jean-Michel Blanquer.
Dans ce contexte, difficile de trouver des remplaçants. Des retraités sont bien appelés à la rescousse et des formations reportées ou suspendues mais l'école est au bord du crash. Alors faut-il revenir au distanciel en attendant une accalmie de l'épidémie? "Cela me paraît assez rationnel de le faire même si c’est difficile de prendre une décision dans un sens ou dans l’autre", juge Adrien Mathoux ce mercredi sur le plateau d'"Estelle Midi".
"Après, les profs ont été prévenu au dernier moment d’un changement de protocole difficilement compressible. Il serait préférable que les cours continuent mais c'est un tel chaos et il y a de telles disparités selon les classes que ce ne serait pas idiot. L’épidémie de ne va pas durer des mois comme le disent de nombreux épidémiologistes et penser au distanciel n'est pas inenvisageable", ajoute-t-il.
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Les enseignants pas emballés par le distanciel malgré un protocole compliqué
"Si on passe en distanciel, il y a des élèves qui n’ont pas d’ordinateurs, pas de connexion internet, qui partagent une seule pièce à vivre avec toutes leurs familles. Comment suivre un cours avec d’autres personnes à côté ?", s’interroge de son côté Pierre Rondeau sur RMC et RMC Story. "Et faire cours à des élèves en distanciel et en présentiel, je l’ai fait, c’est très compliqué". Car les profs sont tenus de faire cours aux enfants présents en classe adapter leurs modules pour ceux en distanciel.
"Ce n’est pas une bonne solution. On l’a expérimenté, on sait que cela ne remplace pas l’école et que si on en arrive là, cela créé de l’échec", confirme sur RMC Marie-Hélène Plard, secrétaire départemental du Syndicat national des instituteurs. "Ce qui est sûr, c’est que ce qu’on a depuis deux jours, c’est du grand n’importe quoi. On a une école ouverte en façade mais tout est totalement désorganisé, et l’apprentissage des élèves en pâtit", ajoute l'enseignante, qui décrit une situation chaotique dans son école:
"Il y a deux classes où les collègues sont tombés malades en arrêt et donc 50 élèves qui sont chez eux sans rien du tout. J’ai de nombreux élèves Covid-19 ou cas contact et les parents ne trouvent pas le protocole très raisonnable, de les laisser en contact avec leurs camarades. Le nouveau protocole est complexe, il faut accepter de faire tester son enfant trois fois en cinq jours. Et pendant tous ces tests, il n’y a pas vraiment classe, il ne faut pas se mentir, les apprentissages sont ralentis, l’école ne fonctionne pas normalement", raconte Marie-Hélène Plard.
Du côté du ministère pour l'instant, pas question de modifier quoi que ce soit: "L'objectif est de garder l'école ouverte dans des conditions sanitaires sécurisées au maximum", maintient Jean-Michel Blanquer alors que le seul distanciel de prévu, concerne uniquement les réunions parents-profs.
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