RMC

Jean-Luc Mélenchon traite Jean-Michel Blanquer de "crétin": "C'est la campagne de trop pour lui"

Le candidat de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon s'en est pris au ministre de l'Education nationale en le traitant de "crétin". Une sortie qui fait tache sur sa formation politique, déplorent les "Grandes Gueules".

Dans la ligne de mire des enseignants, en difficulté dans son propre camp, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer cristallise les tensions. Jeudi, c'est le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon qui l'a qualifié de "crétin utile", en marge d'une manifestation d'enseignants contre les protocoles sanitaires à Paris. 

"Un crétin pareil est utile. Il faut laisser leur chance aux bons à rien", a ironisé Jean-Luc Mélenchon. "Jean-Michel Blanquer a à moitié démoli l'école, mais il a réussi à mettre tout le monde d'accord, ce n'est pas mal!", a-t-il ajouté à l'occasion d'une journée de grève massivement suivie par le corps enseignant.

Une sortie énergique en pleine campagne présidentielle qui ne convainc pas sur le plateau des "Grandes Gueules", où l'on déplore un Jean-Luc Mélenchon en recherche permanente de l'affrontement. "C’est dommage qu’il fasse encore un pas de côté, à quelques encablures de l’insulte d’Emmanuel Macron aux Français, en maniant aussi l’injure alors qu’il y aurait fort à dire sur Jean-Michel Blanquer", déplore l'enseignante Barbara Lefebvre, qui estime que les sorties de Jean-Luc Mélenchon sont contre-productives pour son parti.

"François Ruffin, Ugo Bernalicis, Adrien Quatennens, ils ont souvent des propos ciselés sur le ministre mais là ils ont un leader qui dérape. C’est dommage, Jean-Luc Mélenchon tue tout un courant de la France Insoumise qui pourrait faire quelque chose mais qui est phagocyté par la personnalité hégémonique de Mélenchon", estime-t-elle.

>> A LIRE AUSSI - "Il faut que tu te calmes": ça a chauffé entre Olivier Véran et Jean-Michel Blanquer, sous pression

"Il ne s’est jamais remis de ce deuxième tour qui lui est passé au ras du front"

"C’est la campagne de trop pour Mélenchon. Il a des gens très intelligents dans son parti, il y a des jeunes brillants qu’il a fait monter et qu’il a formés. Il est temps qu’il leur laisse la place", juge de son côté le docteur Jérôme Marty, alors que Jean-Luc Mélenchon entame sa troisième campagne présidentielle de suite, après avoir été déjà candidat en 2012 et 2017.

Pour Mourad Boudjellal, Jean-Luc Mélenchon est carrément "responsable de la chute de la gauche", divisée et loin derrière ses concurrents selon les derniers sondages : "Il ne s’est jamais remis de ce deuxième tour qui lui est passé au ras du front", assure-t-il évoquant l'élection de 2017 ou le député de Marseille avait récolté 19,58% de suffrages, juste derrière François Fillon et à 600.000 voix de Marine Le Pen, seconde à l'issue du premier tour après Emmanuel Macron.

Un avis que ne partage pas Olivier Truchot qui rappelle qu’en 2012, malgré ses 10% au premier tour, Jean-Luc Mélenchon n’avait pas empêché François Hollande de l’emporter: "Pour l’instant, il est à 10%, il n’y a rien d’extraordinaire, il avait fait près de 20% en 2017 parce que le candidat socialiste s’était effondré et là, il n’y peut rien si Anne Hidalgo est dans les choux".

Pour l'instant, Jean-Luc Mélenchon est crédité de 9% des voix au premier tour, devant l'écologiste Yannick Jadot (7%) et la socialiste Anne Hidalgo (4%), mais derrière Eric Zemmour, quatrième avec 13% des voix, selon un dernier sondage OpinionWay - Kéa Partners pour Les Echos et Radio Classique.

>> A LIRE AUSSI - Huée à la manif des profs, lâchée par le maire de Marseille: journée noire pour Anne Hidalgo

Guillaume Dussourt