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"Vos méthodes vous rendent peu fréquentables": après une action contre LVMH, ça chauffe entre les "GG" et la porte-parole d'Attac

L'action de l'association altermondialiste ATTAC contre la Samaritaine propriété de LVMH n'a pas vraiment plu aux "Grandes Gueules", qui ont défendu une entreprise créatrice d'emplois face à une ONG aux combats sélectifs.

L'association altermondialiste Attac a peint en noir samedi 3 juillet des vitrines de la Samaritaine, le grand magasin du géant du luxe LVMH récemment rénové et rouvert au cœur de Paris après 16 années de fermeture, pour dénoncer "l'enrichissement indécent des milliardaires pendant la crise sanitaire".

"Je voudrais relativiser, c’est de la gouache qui a été utilisé", a plaidé ce lundi sur le plateau des "Grandes Gueules" Aurélie Trouvé, la porte-parole d’Attac. "Le message c’était de viser l’enrichissement des milliardaires. Bernard Arnault est la première fortune française et sa fortune a augmenté de 62 milliards d’euros en un an de crise", a-t-elle ajouté pour justifier l’action, évoquant la hausse du cours de l’action LVMH, propriété de Bernard Arnault et propriétaire de la Samaritaine.

Attac entendait également dénoncer le groupe LVMH "qui pratique massivement l’évasion fiscale avec 350 filiales dans des paradis fiscaux". "On soutient évidemment les salariés de LVMH et de la Samaritaine", ajoute Aurélie Trouvé qui estime que la création d’emplois vient des PME et des TPE qui paient plus d’impôts en proportion "que les multinationales qui pratiquent l’optimisation et l’évasion fiscale".

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"LVMH a été pris dans tous les scandales, OpenLux et les Paradise Papers"

Or, LVMH pratiquerait les deux : l’optimisation via sa fondation Louis Vuitton qui lui permettrait d’optimiser 500 millions d’euros donc, et également l’évasion "grâce à des dizaines de sociétés offshore, et LVMH a été pris dans tous les scandales, OpenLux et les Paradise Papers", ajoute Aurélie Trouvé qui assure que LVMH aurait détruit en un an 13.000 emplois, citant l’Observatoire des multinationales, un think-thank lié à Attac.

Un argumentaire qui n’a pas convaincu le plateau des "Grandes Gueules". "LVMH n’a pas eu recours aux aides de l’Etat pendant la pandémie, ils ont maintenu les salaires de leurs employés, c’est également le premier contribuable français", plaide de son côté Olivier Truchot. "Il y a beaucoup de PME qui travaillent pour les entreprises de LVMH", ajoute-t-il.

"Votre action était très malvenue parce que dans les quelques secteurs qui marchent encore en France et qui font que la France est un pays qui reste leader dans quelques domaines, il y a notamment le secteur du luxe et de l’art de vivre. Ce sont des boîtes qui font vivre des gens", assure de son côté l’avocat Charles Consigny.

"On veut plus de Bernard Arnault qui font plus 60.000 emplois en quelques années"

"Vous avez des propos d’élites. Vous parlez de la baisse des indemnités des chômeurs mais les chômeurs ils veulent juste travailler. Je regarde LVMH, en 2012 il y avait 103.000 salariés et en 2019 à 163.000. Cela veut dire que 60.000 familles en plus ont eu accès à un travail. Je ne défends pas Bernard Arnault, mais ce que vous expliquez ce n’est pas la vie. On veut plus de Bernard Arnault qui font plus 60.000 emplois en quelques années pour plus de salaires", s’insurge Joëlle Dago-Serry.

"Cela fait 7 minutes que l’on m’oblige à vous écouter religieusement. Est-ce que la CGT de chez LVMH soutenait le mouvement ?", interroge de son côté l’agriculteur Didier Giraud. Réponse d’Aurélie Trouvé, "non, on ne leur a pas demandé". De quoi mettre en colère l’éleveur de bovins: "Vos méthodes n’ont pas changé depuis que vous arrachez de la vigne transgénique et que vous avez coupé une partie de l’expérimentation française. Vous êtes dans un endoctrinement de causes qui peuvent être louables mais les méthodes que vous employez font que vous êtes très peu fréquentables", lui a-t-il lancé. "On est ensemble pour demander les mêmes choses", a répondu Aurélie Trouvé. 

Après l'action de samedi, LVMH n'a pas souhaité faire de commentaire, précisant juste à l'AFP "envisager de porter plainte". Et de nombreux politiques ont critiqué l'action: "La bêtise a rouvert, elle aussi", a assuré le secrétaire d'Etat chargé des Affaires européennes, Clément Beaune, tandis que la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, soulignait que "ce n'est pas en attaquant nos champions nationaux, créateurs d'emplois et moteurs de l'attractivité dans le territoire, que nous aurons plus de justice sociale !".

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Guillaume Dussourt avec AFP