Fusillade de Grasse: "les grands réseaux sociaux ne veulent pas investir dans des modérateurs"

La fusillade dans le lycée de Grasse était-elle évitable? Les activités sur les réseaux sociaux du lycéen arrêté jeudi, montrent clairement une attirance pour les images sataniques et une fascination pour la tuerie de Columbine. Des images qui n’ont pourtant pas permis d’anticiper son passage à l’acte. Pour Michael Stora, psychologue spécialiste des objets numériques, "les réseaux sociaux, jeux vidéo et autres, ont été des coupables tout trouvés pour faire l’économie d’une réflexion beaucoup plus profonde sur le contexte".
Selon lui, "il y a néanmoins un vrai souci. Les réseaux sociaux ne font pas de modération. Ils font ce que l’on appelle de la modération entre pairs. C’est-à-dire que, lorsque quelqu’un poste des propos inquiétants, on pense que c’est aux autres membres de modérer. C’est une grosse bêtise. Donc je dirais oui au soutien entre pairs, mais non à la modération entre eux".
Pour Michael Stora, c’est avant toute chose un problème financier. Les grands réseaux sociaux préfèrent économiser de l’argent sur des modérateurs, augmentant les risques de dérapages des adolescents.
"Le problème de structure des réseaux dépend d’abord d’enjeux financiers. Les grands réseaux sociaux ne veulent pas investir dans des modérateurs. J’étais moi-même directeur de la cellule psychologique de Skyrock, qui à l’époque comptait 35 millions de Skyblogs. Je peux vous dire que lorsqu’on est adolescent, on dit beaucoup de choses… Il y a des fois où on a été jusqu’à envoyer les cyber-policiers, parce que ça aurait été de la non-assistance à personne en danger de ne pas agir".