14-Juillet: les violences urbaines, "une tradition qu’on aimerait voir se perdre"

Les festivités du 14-Juillet ont une fois de plus été émaillées d'incidents. (Photo d'illustration) - AFP
C'est une tradition que les autorités ont bien du mal à enrayer. Les festivités du 14-Juillet ont une fois de plus été émaillées d'incidents, notamment en Ile-de-France et dans le Rhône: voitures brûlées, jets de projectiles, policiers municipaux pris pour cibles...
Dans la nuit de lundi à mardi, 100 personnes ont été interpellées à Paris et 109 en Seine-Saint-Denis. À La Courneuve (93), une médiathèque, un centre de formation et un commerce ont été incendiés par deux groupes de plusieurs dizaines d'adolescents. Le maire PCF de La Courneuve, Gilles Poux, est excédé.
"Je rencontre le préfet pour qu’on prenne des mesures draconiennes vis-à-vis de ces individus: d’abord un renforcement des moyens policiers sur la ville et puis, en fonction des éléments que les enquêtes pourront donner, des sanctions qui seront, je l’espère, dissuasives pour les autres", explique-t-il à RMC. "Et voir, si c’est des mineurs, leurs familles pour que l’on demande des comptes, parce que l’on ne peut pas accepter que les équipements publics, des choses qui sont utiles à l’immense majorité des gens, soient détruites par l’égoïsme, la bêtise, la lâcheté de quelques-uns".
"Les policiers municipaux ont eu la peur de leur vie"
À Neuilly-Plaisance, en Seine-Saint-Denis, ce sont carrément les locaux de la police municipale qui ont été visés. Entre 70 et 100 individus ont "arrosé" le poste de cocktails Molotov avant d'être délogés par les renforts de la BAC. Bilan: six interpellations et un policier blessé à la main. Grégory Goupil, secrétaire régional adjoint du syndicat Alliance 93, revient sur cet incident.
"Je pense que les policiers municipaux de Neuilly-Plaisance ont eu la peur de leur vie", raconte-t-il à RMC.
"Ils étaient au poste, et ils ont été assailli, complètement assiégés dans leurs locaux. On voit le résultat des jets de cocktails Molotov sur les véhicules de police, totalement brulés. On peut imaginer que si l’un des cocktails Molotov était passé par une fenêtre, ça aurait pu être dramatique. Ca a été particulièrement chaud: maintenant, c’est en train de devenir traditionnel. Il y a des traditions qui se perdent, et bien on aimerait que celle-ci se perde. Parce que le 13 juillet, le 14 juillet, le 31 décembre dans le 93: ce sont des locaux administratifs brûlés, des chauffeurs de bus RATP caillassés… Je ne sais pas comment ça va finir".
"Les adultes se sont mobilisés"
La nuit a été chaude dans le Rhône, également. Plus particulièrement dans la région lyonnaise. À Vénissieux, de nombreux incidents ont été signalés: incendies de véhicule, dégradations d’abribus, forces de sécurité et de police prises pour cible, et des feux de broussailles. À Vaulx-en-Velin, il y a eu trois nuits de violences: caillassages, tirs de mortiers et jets de grenade à plâtre contre les forces de l'ordre. Hélène Geoffroy est la députée-maire (PS) de Vaulx-en-Velin (Rhône). Elle a obtenu de la préfecture des renforts policiers dans l'immédiat. Mais à plus long terme, elle va surtout tenter d'impliquer les parents et organiser des activités pour occuper les adolescents de 12 à 14 ans responsables de ces incidents.
"Nous développons un certain nombre d’activités de loisir, qui fonctionnent bien jusqu’à 11 ans. Et les plus grands ne viennent pas… Ce n’est pas une raison pour aller brûler des voitures! C’est vrai qu’il y a un ennui, il faut qu’on réagisse aussi là-dessus. Et puis ensuite, associer les parents et les adultes. Ce qui nous a vraiment frappés, c’est que les adultes se mobilisent. Parce qu’ils sont descendus, soit pour arrêter les débuts d’incendies, soit pour dire aux jeunes de rentre chez eux".