25 ans du génocide rwandais: le témoignage fort de Charles Habonimana, rescapé du massacre

Un bouquet de fleurs devant le mémorial du génocide à Kigali, avant le 25e anniversaire - Yasuyoshi CHIBA / AFP
Un bien triste anniversaire. Il y a 25 ans, le génocide au Rwanda débutait. 800.000 personnes, essentiellement des Tutsis, ont trouvé la mort entre avril et juillet 1994. Sur place, même si le pays s'est relevé de cette tragédie, toutes les plaies ne sont pas cicatrisées. La réconciliation tant célébrée est encore imparfaite.
Le chef de l'Etat rwandais, Paul Kagame, allumera ce dimanche une flamme du souvenir au mémorial de Gisozi à Kigali. Puis dans l'après-midi, il prononcera un discours lors d'une cérémonie au stade Amahoro.
Cette journée ouvrira une semaine d'activités en liaison avec la mémoire du génocide, faite d'échanges et réflexions sur des thématiques diverses, et de programmes de sensibilisation dans tout le pays, ainsi qu'un deuil officiel de cent jours.
"Je vois les images du passé, (...) ce même jour où ils ont tué mon père, ma mère, mes frères, mes voisins..."
Charles Habonimana est un rescapé du génocide. Il avait 12 ans lorsque les Hutus ont massacré sa famille en avril 1994. 25 ans plus tard, il publie un livre-témoignage, Moi, le dernier Tutsi (éditions Plon).
Et 25 ans plus tard, le souvenir du massacre est toujours là. Impossible pour lui de l'effacer.
"Quand je suis sur les collines, je vois les images du passé. Je suis le même garçon de douze ans, sur les mêmes collines, le même jour où ils ont tué mon père, ma mère, mes frères et soeurs, nos voisins, ma grande famille élargie..."
"Quand je me promène je rencontre des bourreaux qui ont terminé leurs peines"
Aujourd'hui, ce rescapé Tutsi vit dans la capitale rwandaise Kigali, mais il revient souvent à son village, sur les lieux du drame. La réconciliation totale avec les Hutus est impossible, dit-il, mais les Rwandais ont choisi de cohabiter malgré la rancune.
"Quand je me promène je rencontre des bourreaux qui ont terminé leurs peines. Ils sont revenus au village... Comment rester ensemble ? Moi j'ai souffert de ce génocide mais tout ce à quoi je pense c'est l'avenir de mes quatre enfants."
Et c'est pour transmettre la mémoire du génocide aux enfants que Charles Habonimana participe aux commémorations à partir d'aujourd'hui.