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De 3.500 à 300 aujourd'hui: pourquoi les restaurants routiers ferment les uns après les autres

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Les restaurants routiers disparaissent les uns après les autres, écrasés par les taxes et face à une profession et des habitudes qui changent. Les gérants doivent mettre de l'argent de leur poche pour survivre, alors que la nouvelle génération de chauffeurs poids-lourds délaisse ces restaurants.

Les restaurants routiers en voie de disparition? Le nombre de ces établissements qui proposent des repas copieux à bon prix et des douches aux chauffeurs de poids lourds a été divisé par 10 ces dernières décennies: ils étaient 3.500 dans les années 60, ils sont aujourd’hui environ 300.

Dans ceux qui restent ouverts, ils sont nombreux à se retrouver le soir, notamment à La Marmite à Limay dans les Yvelines. Carrelage au sol, tables en bois et buffet froid, une cinquantaine de routiers y sont réunis. Après 18, 25, ou même 38 ans dans leur camion, ils listent les fermetures, les régions où il est difficile de trouver un restaurant et une place de parking sécurisée pour leur cargaison.

Le choix de la rédac : Pourquoi les poids lourd délaissent les restos routiers - 22/09
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"Vers Limoges, il y avait la mamie, 80 ans, elle faisait à manger pour tout le monde. Soupe obligatoire le soir, et si on n'en reprenait pas on se faisait engueuler. On y allait exprès ! Elle avait une grande table", se souvient Daniel au micro de RMC. "Le midi on n’a pas le temps mais le soir on aime se poser. On est toute la semaine tout seul dans le camion, le soir on aime le contact humain ! On devient sanglier à la fin de la semaine autrement", poursuit-il.

"Tous les chauffeurs je les ai connus dans les restos, c'est un mode de vie. Et la disparition c'est un abandon pour les chauffeurs, le jour où il n'y a plus de restaurants, j'arrête complet", enchaîne Bertrand.

"Je suis de la génération micro-ondes"

En dehors du brouhaha, Christophe et Amaury, jeunes chauffeurs, ne sont quant à eux pas friands du restaurant routier, pour eux c’est une question de génération: "Les prix avec l’inflation, entre 15 et 17 euros, ils sont respectables, mais tous les jours c’est un budget à la fin du mois", explique Christophe. Ce dernier touche la même somme de son entreprise chaque mois, qu'il aille ou non au restaurant.

"Moi je suis la génération micro-onde. Les vieux ils ont tout vu tout vécu, moi je débute, j’ai le micro-onde, les pasta box, on est mieux tout seuls avec Tiktok. C’est ma vie ça me va", assume Amaury.

Alors comment les restaurants qui restent ouverts s’en sortent? Certains diminuent leurs plages horaires et le nombre de leurs employés, d'autres servent moins de viande rouge, en raison du prix.

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Des gérants de restaurants routiers qui peinent à boucler les fins de mois

"Toutes les charges ont explosé", détaille Aline, la gérante du Relais d’Armentières. "La taxe pour le parking avec le foncier j’en ai pour 9.000 euros à l’année. On a la TVA et l’électricité qui a flambé, avec le menu à 16 euros, il faut en vendre des menus pour arriver à subvenir à tout ça".

"L’an dernier j’ai dû mettre 15.000 euros de ma poche sinon je n'’étais plus là, comme les autres", ajoute-t-elle assurant ne pas se dégager de salaire supérieur à 1.500 euros et encore, pas tous les mois: "Mon mari a repris la route pour qu’on ait un salaire fixe".

Aline a mis en vente son restaurant pourtant acheté en 2022. Elle assure vouloir tenir, et ne pas le céder à n’importe qui. Et beaucoup disent que "les routiers c’est une famille" et que la fermeture est "un déchirement".

Marion Gauthier (avec G.D.)