70e anniversaire du droit de vote des femmes: Rolande, 99 ans, se souvient

Il y a 70 ans, le 29 avril 1945, les femmes votaient pour la première fois en France. Le droit de vote venait de leur être accordé par le Général de Gaulle un an auparavant. Rolande Trempé, 99 ans, a participé à ce scrutin. Pour RMC, elle se souvient.

C'était il y a 70 ans tout juste, les femmes votaient pour la première fois. Un an auparavant, une ordonnance signée par le Général de Gaulle leur accordait le droit de vote, mais aussi le droit de se présenter aux élections. Elles étaient alors 12 millions attendues dans les bureaux de vote ce 29 avril 1945. Un premier vote pour un scrutin municipal où environ 3% des élus furent des éluES.

Alors qu'au Royaume Uni, les femmes ont eu le droit de vote en 1918, aux États-Unis en 1919, en Allemagne en 1918 également, la France a attendu la fin de la deuxième guerre mondiale pour enfin faire participer les femmes au scrutin.

"Ça m'a paru une reconnaissance absolument nécessaire"

Parmi les 12 millions de femmes attendues dans les bureaux de vote en ce 29 avril 1945 : Rolande Trempé, enseignante dans les Ardennes. Elle avait alors 28 ans. "Vu le rôle qu'ont tenu les femmes dans la résistance, ça m'a paru une reconnaissance absolument nécessaire que les femmes votent. Elles représentaient quand même plus de la moitié du corps électoral", déclare sur RMC cette ancienne agent de liaison pour la Résistance. Pour qui a-t-elle voté ce jour-là ? "J'ai voté communiste. À l'époque, ça me paraissait devoir aller de soi".

Si pour la première fois les femmes ont eu le droit de voter, les hommes veillaient. "Moi j'ai vu des hommes prendre le bulletin, raconte Rolande. Ils accompagnaient la femme jusqu'à ce qu'elle rentre dans l'isoloir, et lui donnait alors le bulletin".

"Cela a été vécu comme un acte ordinaire"

Mais ce qui est vu aujourd'hui comme une avancée majeure pour l'égalité hommes-femmes, n'avait à l'époque pas la même signification, explique Janine Mossuz-Lavau, historienne du centre de recherche de Sciences-po Paris. "Curieusement ce jour-là, il n'y a pas eu de grandes manifestations, ni de triomphalisme. Cela a été vécu comme un acte ordinaire, ce qui fait que cela n'a pas été présenté comme le grand évènement de l'année, alors qu'aujourd'hui on considère que c'est le début de ce qui fait des femmes des hommes comme les autres".

En tout cas, depuis le 29 avril 1945, Rolande Trempé n'a raté aucun rendez-vous électoral, excepté le mois dernier pour les départementales, pour lesquelles elle n'a pas eu la force de se déplacer.

Philippe Gril avec Claire Checcaglini