À Carmaux, Hollande invoque Jaurès, prône le "vote gagnant"

François Hollande a invoqué lundi "la synthèse" de Jean Jaurès, dont il visitait le fief à Carmaux, dans le Tarn, pour appeler de ses voeux une "une gauche rassemblée" et un "vote gagnant" dès le premier tour de la présidentielle. /Photo prise le 16 avril - -
par Jean Décotte
CARMAUX, Tarn (Reuters) - François Hollande a invoqué lundi "la synthèse" de Jean Jaurès, dont il visitait le fief à Carmaux, dans le Tarn, pour appeler de ses voeux une "une gauche rassemblée" et un "vote gagnant" dès le premier tour de la présidentielle.
Le candidat socialiste a profité de ce déplacement, à six jours du scrutin, pour suivre les traces de François Mitterrand, venu dans la ville minière lancer sa campagne victorieuse en novembre 1980.
"Trente-et-un ans après, je reviens. Il avait commencé (sa campagne) à Carmaux, je la conclus", a-t-il expliqué à la tribune.
Au début du meeting, entamé au son de la chanson "Jaurès" de Jacques Brel, François Hollande a déposé une gerbe devant la statue de l'ancien député du Tarn, icône de la gauche et du Midi, dont il a vanté la capacité à allier "l'idéal et le réel", "la radicalité et la responsabilité".
"Je me réclame de la synthèse de Jean Jaurès, cette belle et utile synthèse", a déclaré le député de Corrèze, ajoutant avoir "du respect pour tous les candidats de la gauche".
"Chacun donne ce qu'il pense être sa vision du monde, son rapport à l'avenir. Mais en même temps je considère que chaque vote est utile", a-t-il ajouté. "Chaque citoyen qui se déplace exprime un point de vue que je respecte (...) Mais je revendique le vote gagnant, le vote de victoire."
BLUM, MENDÈS-FRANCE ET JOSPIN
"La gauche tout entière ne tombera pas dans le piège (de la division). Elle sera rassemblée au premier tour, rassemblée au deuxième tour", a-t-il asséné.
François Hollande a dit sentir un "espoir" de la part des électeurs, tout en mettant en garde contre l'abstention, la division de la gauche, la peur d'une sanction des marchés ou le risque d'une "douce euphorie".
"Je sens qu'il y a cette rencontre entre une candidature qui s'affirme et une volonté qui s'exprime (...) Je sens cet espoir qui s'affirme, l'espoir du changement, un espoir tranquille, un espoir ferme, un espoir lucide."
Evoquant tour à tour Jean Jaurès, Léon Blum, Pierre Mendès-France, François Mitterrand et Lionel Jospin, François Hollande s'est placé dans leur lignée.
"Maintenant, c'est notre tour de gouverner et de diriger la France, et de nous inspirer de ces grandes figures", a-t-il lancé.
Auparavant, le candidat avait visité une usine de rénovation de bus et de trains à Albi, avant de profiter d'un bain de foule dans le centre-ville de la préfecture du Tarn, où, aux cris de "François président!", il a pu apprécier la ferveur d'une région traditionnellement ancrée à gauche.
Il a toutefois minimisé la portée de ces démonstrations de soutien à l'heure où les sondages le donnent victorieux au deuxième tour.
"Il ne faut pas confondre les ferveurs avec les déplacements les jours des élections", a-t-il dit à la presse. "Je ne me laisse pas griser par ce genre de ferveur ou de faveur, ce qui va compter c'est le vote des Français. C'est encourageant, gratifiant, émouvant mais en même temps ça ne donne pas le nom du gagnant."
Edité par Patrick Vignal