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Adolescentes radicalisées: "Les recruteurs tournent autour des collèges et lycées"

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Après la fugue de deux adolescentes radicalisées ce week-end en Haute-Savoie, Patrick Amoyel, professeur de psychopathologie à Nice et président de l’association Entr’Autres, engagée contre la radicalisation, a expliqué ce lundi sur RMC comment les recruteurs se focalisaient sur les jeunes adolescents fragiles.

Elles sont finalement rentrées dans leur famille, en Haute-Savoie. Louisa d'abord, dimanche après-midi, puis Israé dans la soirée. La disparition des deux adolescentes avait été signalée vendredi soir à la gendarmerie et le parquet d'Annecy les soupçonnait "d'être parties ou de vouloir partir en Syrie". Des adolescentes de 15 et 16 ans "embobinées", selon les termes de la mère d'Israé, la plus jeune, qui disait vouloir partir en Syrie pour "aider les enfants et servir une bonne cause". Adolescentes fragiles - Israé venait de sortir de l'hôpital psychiatrique pour une "dépression de l'adolescence"-, elles sont des proies toutes désignées pour des recruteurs.

"Ils repèrent les plus fragiles et leur propose une aventure"

Des recruteurs très présents en Haute-Savoie. "La Haute-Savoie est une région très chaude, avec une forte pénétration des recruteurs jihadistes", explique ce lundi sur RMC Patrick Amoyel, professeur de psychopathologie à Nice et président de l’association Entr’Autres, engagée contre la radicalisation. "Il y a des recruteurs sur le terrain qui viennent de Lyon, de Grenoble. Ce sont des individus plus âgés, entre 30 et 50 ans, dont le travail est de repérer ces jeunes en difficulté et de les embarquer dans un vrai travail d'idéologisation".

"Ils sont en général autour des mosquées, des salles de prières clandestines, des collèges et des lycées. Ils tournent et repèrent les jeunes les plus fragiles, et leur proposent une aventure", poursuit Patrick Amoyel.

"Tentés par une aventure guerrière, humanitaire ou matrimoniale"

Une fois radicalisés, les jeunes sont toujours mus par les mêmes ambitions dans leur désir de rejoindre la Syrie, explique-t-il. "Les plus jeunes sont tentés par une aventure guerrière, humanitaire ou matrimoniale – rechercher un mari. Ces jeunes ne sont pas radicalisés au sens politique du terme, mais ils sont très fragiles par rapport à ce que représente un fantasme, un rêve, à savoir rejoindre le califat", idéalisé.

Et les filles sont de plus en plus nombreuses à avoir ce rêve. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Intérieur, révélées par Le Monde, quelques 867 adolescentes ont été signalées en France pour radicalisation, et la majorité des 84 mineurs français présents en Syrie sont des filles (51 adolescentes).

P. G. avec Jean-Jacques Bourdin