Affaire Matzneff: pourquoi la justice lance-t-elle un "appel à témoins"?

Le procureur de Paris Rémy Heitz a annoncé qu'un "appel à témoins" serait lancé ce mardi pour retrouver des "victimes" dans le cadre de l'enquête ouverte pour viols sur mineur de moins de 15 ans visant l'écrivain Gabriel Matzneff.
L'enquête avait été ouverte par le parquet le 3 janvier au lendemain de la parution du roman autobiographique "Le Consentement" dans lequel l'éditrice Vanessa Springora dénonçait sa relation sous emprise avec l'écrivain Gabriel Matzneff quand elle était mineure, dans les années 80.
C'est en réalité une procédure classique pour ce type de faits. Le but: "faire en sorte qu'il n'y ait pas de victimes oubliées", explique le procureur.
Selon une source proche de l'enquête certaines victimes peuvent être étrangères, ou les faits concernés prescrits. Mais qu'importe, l'appel à témoins précise: "Quels que soient les délais [...] les circonstances ou les personnes qui pourraient être impliquées", toutes les victimes ou témoins sont invités à contacter les enquêteurs, via un numéro de téléphone (06 83 67 43 57), mais aussi une adresse mail (temoignage-ocrvp@interieur.gouv.fr).
L'idée, "favoriser la parole au maximum, une victime peut préférer écrire" explique une source proche du dossier. Victimes, mais aussi témoins, même des proches de l'écrivain qui sauraient quelque chose.
Mardi, le jour de l'appel à témoins, une interview de Gabriel Matzneff est publiée dans le New York Times. Depuis la Riviera italienne où il s'est réfugié depuis que l'affaire a éclaté, il affirme être malheureux, se sentir très seul, et critique ouvertement ses détracteurs: "Qui sont-ils pour juger leurs semblables? Ces associations pour la vertu, comment couchent-elles, qu'est-ce qu'elles font au lit et avec qui couchent-elles, quels sont leurs désirs secrets et refoulés?"