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Agression antisémite à Marseille: "Il a clairement dit vouloir le tuer"

REPORTAGE - Un lycéen turc d'origine kurde a attaqué hier un enseignant juif dans les rues de Marseille. Il dit avoir agi "au nom d'Allah" et "de Daesh". La section antiterroriste du parquet de Paris s'est saisie de l'enquête. Ce mardi sur RMC, l'épouse et l'avocat de la victime témoignent de la violence de cette attaque.

Stupeur à Marseille. Ce lundi matin dans les quartiers sud de la ville, un enseignant de 35 ans a été attaqué à la machette par un lycéen de 15 ans jusqu’ici sans histoire. Selon le témoignage de la victime, il a été agressé alors qu’il marchait simplement dans la rue avec sa kippa dans ce quartier où vit une importante communauté juive. Sorti de nulle part, l'agresseur le frappe subitement avec une machette, un coupe-coupe d’environ 50 cm de long. Heureusement, la lame est émoussée, pas du tout aiguisée.

"Son cartable l'a sauvé"

L’enseignant tombe à terre, blessé au dos et à la main. Il dira que son agresseur avait de la haine dans ses yeux mais qu’il ne prononcera aucun mot. La suite, c’est son épouse qui la raconte sur RMC: "Je suis choquée, très triste et je remercie le bon Dieu que mon mari n'ait rien. Lui-même est très choqué". "Il se rendait à l'école pour enseigner avec sa petite valise, son petit cartable et c'est d'ailleurs ce cartable qui l'a sauvé puisque, pour se protéger, il l'a mis devant", poursuit-elle.

"On va devoir laisser nos enfants aller à l'école avec encore la peur au ventre qu'il arrive quelque chose, indique-t-elle encore. On lit et regarde les informations et l'on ne se dit jamais que cela va nous arriver à nous. On pense que cela n'arrive qu'aux autres mais aujourd'hui, c'est arrivé à mon mari… Vraiment, il y a un bon Dieu".

"Des faits de violence extrême"

Fabrice Labi, l'avocat de la victime, assure ce mardi sur RMC que l'enseignant, bien qu'entouré de sa famille, est encore extrêmement choqué par ce qui s'est passé: "Il a décrit des faits de violence extrême. Il a été particulièrement marqué par le regard de son agresseur qui lui a clairement dit vouloir le tuer. Il n'arrêtera pas tant qu'il ne l'aura pas tué". Regrettant "qu'aucune cellule psychologique n'ait été organisée" car il fait savoir que "la victime souffre d'un trouble psychologique évident qui risque de s'amplifier".

L'agresseur, en seconde dans un lycée professionnel, n'avait jamais fait parler de lui, que ce soit dans son quartier ou dans son établissement scolaire. Il est inconnu des services de police, tout comme des services de renseignements. Ses parents, totalement abasourdis par ce qui s’est passé, ont dit aux policiers qu’ils n’ont observé chez lui aucun signe de radicalisation que ce soit vestimentaire ou dans ses attitudes. Pourtant, le garçon a affirmé en garde à vue qu’il regardait en fait des vidéos sur son portable, que c’est via internet qu’il a épousé la cause des djihadistes. Une radicalisation dans l’ombre qui va le conduire à un passage à l’acte visiblement improvisé…

Maxime Ricard avec Lionel Dian