RMC
Actualités

Amar Lasfar (UOIF) : "Ne regardons pas de travers les Français musulmans"

Des musulmans prient à la Grande mosquée de Saint-Étienne, à l'occasion de la grande prière du vendredi, où un panneau "Je suis Charlie" a été installé en hommage aux victimes de l'attentat.

Des musulmans prient à la Grande mosquée de Saint-Étienne, à l'occasion de la grande prière du vendredi, où un panneau "Je suis Charlie" a été installé en hommage aux victimes de l'attentat. - JP Ksiazek - AFP

Ce samedi sur RMC, le président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) a appelé les musulmans à participer à la marche républicaine prévue dimanche à Paris. Il est revenu également sur le procès intenté par l'UOIF contre Charlie Hebdo, après la publication des caricatures de Mahomet en 2006.

Comme la Grande Mosquée de Paris et l'immense majorité de la communauté musulmane, le président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), Amar Lasfar, a fermement condamné ce samedi sur RMC l'attentat contre Charlie Hebdo et les meurtres d'Amedy Coulibaly à Paris. "Nous venons de sortir, j'espère définitivement, d'une guerre déclarée à notre pays par des terroristes en plein Paris, et cette guerre malheureusement on a voulu la faire en notre nom", a d'abord réagi celui qui est également recteur de la mosquée de Lille-Sud.

"Retrouvons nous sur les valeurs de la liberté, de la fraternité et de l'égalité. Retrouvons nous dimanche à la grande marche républicaine à Paris", a-t-il ensuite appelé.

Si l'UOIF a attaqué en justice Charlie Hebdo après la publication par l'hebdomadaire satirique des caricatures de Mahomet en 2006, Amar Lasfar a assuré sur RMC que son organisation n'avait jamais remis en cause le principe de liberté d'expression. "Nous l'UOIF, nous sommes allés devant les tribunaux pour exprimer notre différend non pas sur le principe des caricatures, qui est un moyen d'expression, mais sur le fait de caricaturer le sacré (le prophète, NDR). Les tribunaux ne nous ont pas donné raison, alors on s'est tu et on a respecté la justice".

"Bien sûr, nous avons peur des amalgames"

Une partie des musulmans français font part de leurs craintes d'un amalgame entre eux et les terroristes islamistes. "Bien sûr, nous avons peur des amalgames, nous sommes toujours à la merci de ceux qui prêchent la haine dans de pareilles circonstances, et qui ont toujours assimilés les musulmans à un danger", a déclaré Amar Lasfar. Mais il en est sûr: "Cela va être dépassé dans les jours qui viennent'.

"La France a 5 ou 6 millions de musulmans, ne les regardons pas de travers. Celui qui veut déclarer la guerre à la France va me retrouver face à lui et je serai là pour défendre mon pays", a prévenu le président de l'UOIF.

"La majorité des musulmans sont abasourdis"

De nombreux musulmans sont d'ailleurs descendus dans la rue, ce samedi déjà, à l'occasion des nombreuses marches en hommage aux victimes des tueries de Charlie Hebdo et de la porte de Vincennes, partout en France. "La majorité des musulmans sont abasourdis, ils ne comprennent pas et ne se reconnaissent pas dans cette barbarie, a réagi samedi Abdellatif Bellouki, vice-président du Conseil régional du Culte musulman en Midi-Pyrénées et qui participait à la marche organisée à Toulouse. On peut ne pas être d'accord avec Charlie, mais c'est la liberté, tout le monde peut s'exprimer".

D'autres sont encore partagés, comme Illias. Lui hésite à participer aux marches républicaines car il estime que sa communauté est stigmatisée. "On parle beaucoup de notre religion en mal. Qu'on nous accepte comme on est, comme de simples musulmans. Si on veut de moi, alors je serai là (dans les marches)". "Je ne dis pas que je suis Charlie, je suis moi-même, mais je compatis à ce qui s'est passé", assure-t-il toutefois.

P. Gril avec M. Belliard et JW. Forquès