Arnaud, divorcé avec la garde de ses 3 enfants: "Au début, c'était le bordel à la maison"

Le nombre de pères à la tête de familles monoparentales a plus que doublé en 21 ans, passant de 100.000 en 1990 à 240.000 en 2011. - Boris Horvat - AFP
De plus en plus de pères divorcés gardent les enfants. C'est le constat d'une étude de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) publiée mercredi. Le nombre de pères à la tête de familles monoparentales a plus que doublé en 21 ans, passant de 100.000 en 1990 à 240.000 en 2011. La monoparentalité, c'est-à-dire des familles composées d'un adulte vivant dans un logement sans conjoint, avec au moins un enfant mineur, concerne près d'une famille sur huit, souligne la Drees.
"J'ai dû démissionner du jour au lendemain"
RMC a rencontré Arnaud, l'un de ses papas qui s'occupent des enfants après la séparation du couple. Pendant 10 ans, il a vécu une parfaite vie de famille avec sa femme et ses trois enfants près de Grenoble. Mais en 2012, tout s'écroule. Sa femme déménage chez son amant à plusieurs centaines de kilomètres. Et il se retrouve seul, avec les trois enfants. Et un quotidien chamboulé. "J'ai dû démissionner du jour au lendemain, parce que je n'ai pas de famille à proximité et je n'avais guère le choix que de rester à la maison avec mes enfants", raconte-t-il.
Et il lui a fallu presque tout apprendre. "Comme je travaillais beaucoup avant la séparation, je ne faisais pas beaucoup de choses à la maison. J'ai dû apprendre à leur faire à manger, je devais les laver, aller les chercher à l'école, faire le ménage le soir… Cela a été un petit peu le bordel les premières semaines", reconnaît-il aujourd'hui.
"Avant les pères ne demandaient rien"
Depuis un an, son ex-femme est revenue vivre dans le même village que lui. Il partage donc maintenant la garde des enfants. "A partir du moment où je les ai eus une semaine sur deux, j'ai vu mon avenir professionnel complètement différemment. Quand je ne les ai pas je travaille beaucoup, et quand je les ai je travaille un peu moins. J'arrive à refaire un peu de sport alors qu'avant je n'avais pas le temps. Ça change pas mal de choses", apprécie-t-il.
La situation d'Arnaud ne fait plus figure d'exception, selon le sociologue des familles, François de Singly. "Avant les pères ne demandaient rien (au moment du divorce). Aujourd'hui un certain nombre de pères participent à l'éducation des enfants et au moment de la séparation, ils demandent la garde partagée". Une évolution rendue possible par la loi de 2002, qui favorise la mise en place des résidences alternées. Cependant, même si la proportion de pères seuls avec enfant a plus que doublé en 21 ans, dans 85% des cas, ce sont les femmes qui ont la garde des enfants.