Assassinat d'Agnès Dury au Burundi: "une volonté politique de ne pas trouver les coupables"

- - AFP
Le 31 décembre 2007, Agnès Dury part admirer le coucher du soleil avec des amies. Cette psychologue pour l'ONG Action contre la Faim travaille au Burundi depuis 5 mois. En rentrant à Ruyigi, petite ville de l'Est du pays, la voiture du petit groupe est visée par plusieurs tirs de mitraillettes. Agnès Dury est mortellement touchée au ventre, l'une de ses amies reçoit une balle dans le bras.
Selon l'avocat de la famille Dury, l'hypothèse principale mène à l'ancien gouverneur de la province, rival de la présidente de l'ONG locale. Il aurait commandité une agression contre l'une de ses équipes. Mais le tireur aurait confondu le véhicule d'Action contre la Faim et celui de sa cible.
"Un combat titanesque"
Pour l'instant, les enquêtes sont au point mort, tant en France qu'au Burundi. La juge d'instruction chargée du dossier en Saône-et-Loire, aurait signifié à la famille qu'elle ne s'y pencherait qu'au second semestre 2016.
Une double inertie dénoncée par Me Benoît Chabert, l'avocat de la famille Dury: "Il y a d'abord une inertie de la justice burundaise qui nous donne le sentiment de tout faire pour que l'on ne trouve pas les coupables et il y a récemment une inertie de la part du nouveau juge qui m'a clairement dit qu'elle ne considérait pas ce dossier comme prioritaire. Le combat que nous menons avec la famille Dury et ACF est un combat titanesque, on a vraiment l'impression d'essayer de remuer des montagnes, on se heurte à une paresse intellectuelle parce qu'il est compliqué de partir à la recherche d'assassins au fin fond de l'Afrique. On se heurte aussi à une volonté politique de ne pas trouver les coupables parce qu'il y a trop de risque en termes de politique locale".