Attentat déjoué: "Cela rappelle le mode opératoire de l'Etat islamique"

Trois suspects sont toujours en garde à vue ce jeudi matin dans le cadre d'une enquête sur un attentat qui se préparait pour janvier 2016 pour commémorer, à leur façon, le premier anniversaire de l'attaque contre Charlie Hebdo. Parmi ces suspects très jeunes (de 17 à 23 ans), un ancien militaire de la marine, un quatrième jeune homme âgé de 16 ans a été libéré. Ils sont tous soupçonnés d'avoir voulu préparer un attentat contre une cible militaire en France.
"Des individus qui entendent frapper sur leur propre sol"
Concrètement, ils envisageaient de viser un site de l'armée dans le sud de la France. Les quatre jeunes hommes voulaient prendre en otage un militaire, un officier gradé plus précisément, puis le décapiter. Un acte terroriste qu'ils voulaient filmer pour le diffuser. Pour Jean-Charles Brisard, président du Centre d'analyse du Terrorisme, ce projet de décapitation rappelle un mode opératoire de Daesh. "Plusieurs indices permettent de dire que leur action était en lien avec le contexte syro-irakien, notamment le mode opératoire ou encore le ciblage de ces individus pour perpétrer leur attentat", affirme-t-il sur RMC.
Et ce spécialiste de poursuivre: "Tout ça nous rappelle effectivement soit des appels lancés par l'Etat islamique, soit des attentats d'ores et déjà perpétrés en utilisant les mêmes modes opératoires. On est typiquement dans le cadre d'individus, sympathisants de ces organisations terroristes, qui entendent frapper sur leur propre sol". L'idée de la cible militaire serait venue de l'ex-militaire. C'est en effet lui qui aurait proposé aux autres de s'en prendre à la base militaire dans laquelle il a servi.
Une enquête éclair
"Les militaires français sont des cibles parce que nous avons des troupes en Irak qui bombardent l'Etat islamique. Nous avons aussi des troupes au Sahel qui abattent des membres d'Al-Qaïda et autres organisations sur place", analyse Louis Caprioli, conseiller spécial chez Geos (société de sécurité privé et de gestion des risques). Cet ancien responsable de lutte anti-terroriste à la DST ajoute: "Il est évident que les organisations terroristes nous désignent comme cible. Et les militaires sont des cibles potentielles sur le territoire français".
Pour l'instant, on ne sait pas à quel niveau de préparation en était cet acte terroriste mais ce qui est certain c'est que les quatre interpellés avaient déjà un plan bien défini évoqué dans des échanges particulièrement précis sur des forums cryptés. C'est justement parce qu'ils étaient très précis que les services de renseignements français ont demandé, le 23 juin dernier, l'ouverture d'une enquête préliminaire au parquet de Paris. Une enquête éclair de trois semaines donc et qui a permis les interpellations de ce lundi.