Attentat en Isère: comment Yassin Salhi s'est radicalisé
Un temps mutique, Yassin Salhi est finalement passé aux aveux. Ce dimanche, ce chauffeur-livreur de 35 ans a en effet reconnu avoir assassiné son patron, l'entrepreneur Hervé Cornara, avant de précipiter une camionnette de livraison contre des bonbonnes de gaz dans une usine chimique de Saint-Quentin-Fallavier, vendredi. Si le suspect se défend de toute intention terroriste, Mais beaucoup d'éléments font pencher la balance vers cette piste terroriste, comme le fait d'avoir décapité sa victime ou les références à la chahada (la profession de foi islamique), sans oublier l'envoi d'un autoportrait macabre vers la Syrie.
"C'est une proie pour se faire influencer"
Naceur Benyahia, président de l'association cultuelle de la mosquée de Pontarlier (Doubs) qui a connu Yassin Salhi jusqu'à ce qu'il quitte la ville, à 22 ans, parle de lui comme "un jeune pieux" à la pratique "calme de l'islam". Mais au fur et à mesure, il se radicalise. Un tournant a lieu en 2004, à la mort de son père. "Je pense que ce n'est pas quelqu'un qui influence mais c'est une proie pour se faire influencer, surtout après le décès de son père, confirme à RMC Naceur Benyahia. Mais à cette époque, il n'y avait pas Daesh pour que cela fasse tilt dans nos têtes".
C'est d'abord son apparence qui change. Yassin Sahli laisse pousser sa barbe et porte la djellaba. A 24 ans, il quitte Pontarlier, sa ville natale, pour Besançon. Il rejoint alors un groupe de jeunes dans le sillage de Frédéric-Jean Salvi, un militant intégriste connu des services de police. Cette proximité lui vaut, en 2006, de faire l'objet d'une fiche S, sûreté de l'Etat. Les renseignements généraux le surveillent pendant deux ans. Puis il se fait discret. Il est de nouveau repéré par la DGSI en 2013 en raison de ses fréquentations. Yassin fréquente des individus soupçonnés de pratiquer un islam radical comme l'indique sur RMC un responsable d'une association de culte musulman à Besançon. Sous couvert d'anonymat, il parle de lui comme d'un terroriste.
"On avait mis en garde la communauté"
"Il était effectivement connu chez nous pour avoir une idéologie déplacée de l'islam, assure ce responsable. Il était certainement membre d'un groupe prônant des dérives sectaires que l'on peut appeler terroriste. Le même genre de groupe auquel se réfère Al-Qaïda ou Daesh". "Il était plutôt discret, ajoute-t-il. Mais nous avions vite dévoilé son égarement. On avait même mis en garde la communauté contre lui et son idéologie".
Une mise en garde qui n'aura pas suffi. En décembre dernier, Yassin Salhi déménage avec sa famille dans le Rhône. Il sera embauché trois mois plus tard comme chauffeur-livreur par l'homme qu'il avoue avoir tué vendredi.