Attentat en Suède: "ce sont les démocraties qui sont visées"

L'attaque s'est déroulée dans un quartier commerçant très fréquenté de Stockholm. - TT NEWS AGENCY - AFP
Stockholm est en deuil et ses drapeaux en berne ce samedi, au lendemain d'un attentat au camion bélier qui a fait 4 morts et 15 blessés, dont des enfants. L'auteur présumé, un Ouzbek selon la presse, a été arrêté et placé en garde à vue.
Un véhicule lancé à vive allure au coeur d'une grande ville qui percute les passants et laisse derrière lui un cortège de corps mutilés: l'attaque rappelle le mode opératoire des attentats de Nice, Berlin et Londres, revendiqués par le groupe Etat islamique.
"La Suède, c’est plutôt un modèle en termes d’accueil, de réfugiés, d’ouverture… Ceux qui expliquaient, il y a quelques années, que la France était visée parce que c’était une ancienne puissance coloniale, ça ne marche pas pour le Danemark, pour la Suède etc. Ce sont les démocraties qui sont visées. Il va falloir s’habituer à ce terrible bruit de fond terroriste, avec malheureusement, et malgré les progrès du renseignement européen, des pics quand il y aura la possibilité pour certains groupes de se reconstituer et de mener des opérations agressives", analyse Pierre Servent, spécialiste des questions défense, sur RMC.
"La Suède ne se sentait pas directement menacée"
L'homme au volant du camion volé a foncé sur les passants vendredi après-midi, peu avant 15 heures, dans la rue piétonne la plus fréquentée de la capitale, Drottninggatan. Le véhicule a ensuite fini sa course dans la façade d'un grand magasin, Åhléns City, près du croisement avec une artère à forte circulation, Klarabergsgatan. Pour Alain Rodier, directeur adjoint du Centre de recherche sur le renseignement, le pays ne s'attendait pas à être visé:
"La Suède ne se sentait pas directement menacée. C’est vrai qu’elle n’est pas partie prenante d’une manière aussi importante que la France en Syrie et en Irak. Elle n’intervient qu’à un tout petit niveau en Irak pour conseiller un certain nombre de combattants. D’ailleurs, cela prouve une chose: ce n’est pas parce qu’on intervient massivement sur le théâtre syro-irakien qu’on en devient une cible. On est une cible même si on n’intervient pas."
"C'est un pays très sécurisé, réputé pour cela"
La Suède n'a été visée qu'une seule fois par un attentat, quand en décembre 2010 un homme avait mené une attaque-suicide à la bombe, dans la même rue piétonne de Stockholm. Il n'avait que légèrement blessé des passants. Edouard Prothery, Français installé sur place, reste sous le choc. Il confie à RMC:
"Je suis étonné. Moi, ça fait 37 ans que je viens là. On a nos enfants qui sont là. On dit que c’est la ville des 'bisounours' tellement tout est parfait, et normalement il ne s’y passe rien. C’est un pays très sécurisé, qui est réputé pour cela. Et c’est la vérité. Et dans le même temps, vu ce qui se passe en Europe en ce moment… Après, je ne sais pas qui est derrière, je n’en ai aucune idée, donc je n’émets aucun jugement sur quoique ce soit. Pour l’instant il n’y a pas d’analyse assez aboutie dans les informations".
Le Premier ministre suédois, Stefan Löfven a annoncé le renforcement des contrôles aux frontières,. Il a également a appelé ses compatriotes à ne pas céder à la peur.