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Au lycée français de Damas: "Nous, on veut vivre !"

Samia, 14 ans, est élève au lycée français de Damas.

Samia, 14 ans, est élève au lycée français de Damas. - Marie Régnier/RMC

La Syrie est entrée dans sa 6e année de guerre. L'envoyée spéciale d'RMC, Marie Régnier, s'est rendue au lycée français de Damas où les adolescents syriens tentent de vivre normalement malgré la guerre.

La guerre syrienne dure depuis mars 2011. Un Syrien sur quatre a quitté son pays et plus de 270.000 personnes ont trouvé la mort dans ce conflit qui ravage le pays.

Au lycée français de Damas, il y avait 850 élèves avant la guerre. Aujourd'hui, il n'en reste plus que 200. Tous les élèves français, il ne reste que les Syriens. Marie Régnier, l'envoyée spéciale d'RMC est allée à la rencontre de ces jeunes au quotidien bouleversé.

Samia est élève dans ce lycée français qui ressemble à n'importe quel lycée. Pourtant, la guerre peut ici surgir à tout moment: "Avant la guerre on faisait notre récré ici, dehors, mais maintenant il n’y a plus personne. C’est un endroit ouvert, s’il y a des obus il n’y a pas de protection et c’est un peu dangereux".

"Ce n'est pas une vie"

Depuis le début de la guerre, 2 missiles et un obus de mortier sont tombés sur le lycée. Omar, un élève de seconde se souvient: "J’étais dans l’escalier quand j’ai entendu un bruit très haut, c’était une explosion assez proche. On s’est tous précipité dans l’école, et on a entendu une autre explosion encore plus forte. Dans ces moments-là, où on voit les autres pleurer, on se demande ce qu’il faut faire, s’il faut rester ou rentrer à la maison… Ce n’est pas une vie, on n’est pas obligés de subir tout ça, ça fait 5 ans, c’est assez je trouve". 

Miraculeusement, aucun élève n’a été blessé. Dorénavant, ils sont attentifs au moindre son: "Il y a les bruits des avions militaires, des obus. On sait s’ils sont loin ou s’ils sont près, s’ils montent ou ils descendent…"

"Ces bruits, c'est insupportable"

Tous les soirs après la classe, Samia rentre en voiture avec sa mère. Le bus scolaire ne circule plus. La famille de Samia vit à un kilomètre à peine du quartier de Jobar, où les combats font rage depuis 5 ans. Et souvent, sa maman a pensé à les emmener loin d’ici: "Tu ne peux pas entendre les bruits, c’est insupportable. Nous avons préparé 6 fois les bagages pour partir loin d’ici, et puis nous sommes restés…"

Trop difficile de quitter leur pays. Alors avec le temps Samia a décidé de réapprendre à vivre normalement. Même si au fond, plus rien ici n’est normal: "D’abord au début de la guerre on avait peur, mais maintenant on se rend compte qu’on veut vivre nous ! Et personne ne peut nous empêcher de vivre notre adolescence, on a le droit d’oublier la guerre. On en a marre. On veut seulement vivre en sécurité".

La rédaction avec Marie Régnier