Aurélie Filippetti, icône mosellane en reconquête

Auréolée de sa nomination comme ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, fille d'un mineur du bassin ferrifère de Moselle, repart à la conquête d'un nouveau fief dans ce département où elle avait créé la surprise le 17 juin 2007. /Photo prise le 30 mai - -
par Gilbert Reilhac
METZ (Reuters) - Auréolée de sa nomination comme ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, fille d'un mineur du bassin ferrifère de Moselle, repart à la conquête d'un nouveau fief dans ce département où elle avait créé la surprise le 17 juin 2007.
Le dernier redécoupage électoral a effacé la huitième circonscription où, un an après avoir quitté les Verts pour le Parti socialiste, la petite-fille d'immigrés italiens devenait, le jour de ses 34 ans, l'une des deux députés de gauche de ce bastion UMP.
Candidate dans la première, qui agrège des quartiers plutôt bourgeois de Metz à des communes populaires de sa périphérie sidérurgique, la ministre ne semble toutefois guère souffrir d'un problème de notoriété.
Elle est même la vedette incontestée de ce territoire laissé sans député par le départ du sortant, le maire UMP de Woippy, François Grosdidier, élu sénateur l'an dernier.
"Sachant que le père était mineur, bonne chance", lui lance un retraité croisé sur le marché d'Amnéville.
"Je vous vois souvent à la télé. Et puis vous sortez d'un milieu ouvrier, on connaît toute votre vie", renchérit Gérald, un ancien de la sidérurgie parti en préretraite à 50 ans.
La jeune femme de 38 ans, qui vante dans ses discours les qualités de François Hollande, un président qui "aime les gens", cache difficilement, elle-même, son empathie pour ses contemporains.
Dans le quartier Saint Eloy de Woippy, un vaste ensemble de HLM bouleversé par un plan de réhabilitation, où elle tient réunion devant 60 personnes, des intérimaires et des sous-traitants d'ArcelorMittal, réduits au chômage par l'arrêt des hauts fourneaux de Florange, sont venus lui parler.
SOUTIEN AUX ARCELORMITTAL
L'usine n'est pas dans la circonscription, mais Aurélie Filippetti soutient depuis le début le combat des salariés, qui lui demandent d'intercéder auprès de François Hollande pour qu'il les reçoive, à l'instar des syndicats de l'entreprise sidérurgique. La ministre n'a pas donné de garanties mais deux d'entre eux ont été reçus à l'Elysée.
"Les gens sont contents que je sois entrée au gouvernement. Ils sentent ça comme une fierté par rapport au sentiment d'abandon dont souffre cette région", analyse l'agrégée de lettres qui, en hommage aux siens, a écrit, en 2003, "Les derniers jours de la classe ouvrière".
Son image et la médiatisation qui l'accompagne agacent les autres candidats dont les principaux sont peu connus et se présentent pour la première fois à une élection législative.
Ce contexte, ajouté aux 52,27% obtenus par François Hollande le 6 mai dernier, semble donner bon espoir à la native d'Autun-le-Tiche, dans le nord du département.
"Aurélie Filippetti bénéficie d'une exposition médiatique très importante, mais ce que les gens attendent, c'est un député ancré sur le terrain", estime le candidat UMP Julien Freyburger, conseiller municipal à Maizières-lès-Metz et candidat malheureux aux cantonales l'an dernier.
LE FN EN EMBUSCADE
Quant au suppléant de la ministre, Gérard Terrier, maire de Maizières-lès-Metz qui retrouvera à 64 ans le siège qu'il occupa de 1997 à 2002 si elle est élue, c'est "un homme en fin de carrière", ajoute ce juriste de 34 ans qui travaille au cabinet de François Grosdidier.
Gérard Terrier, qui avait choisi de s'effacer en constituant, il y a trois ans, un tandem avec Aurélie Filippetti, réagit en défendant l'alliance de la jeunesse et de l'expérience qu'incarne leur binôme. "Qui dit mieux ?", lance cet ancien ingénieur.
Delphine Haffner, candidate du Front national et, de son propre aveu, novice en politique, bénéficie de son côté de la notoriété de Marine Le Pen, à défaut d'être connue.
"J'ai déjà regretté que la Marine elle soit pas sortie comme présidente. Ça ferait un bon nettoyage, car la France en a besoin", dit une femme blonde un peu âgée à qui elle vient de tendre son tract de campagne sur le marché d'Amnéville.
Sans concession sur le plan politique, cette jeune femme blonde de 34 ans, qui n'a adhéré au Front national qu'en 2011, témoigne elle-même de plus d'aménité vis-à-vis de sa rivale socialiste qu'à l'égard de son concurrent UMP.
"Je ne critique pas la femme. Elle est courageuse de mettre en cause sa fonction de ministre", affirme-t-elle.
Solidarité féminine? Pas seulement. Cette secrétaire en recherche d'emploi, dont le mari est agriculteur, respecte aussi le parcours de la fille d'ouvriers, elle qui dit "avoir les mêmes problèmes que 90% des gens à la fin du mois" et qui a fondu en larmes quand un individu, se réclamant du Front de gauche, l'a traitée de "facho" et menacée de mort devant des caméras de télévision.
Edité par Yves Clarisse