Azzedine, médecin urgentiste: "Ici, la nuit, vous réfléchissez avant d’y aller"

En 2014, 901 agressions de médecins ont été comptabilisées par le Conseil de l'Ordre. (Photo d'illustration) - AFP
Agression pour un arrêt maladie refusé ou une attente jugée excessive, menace pour un refus de prescription: les violences contre les médecins ont légèrement régressé en 2014, mais restent très élevées, selon le Conseil de l'Ordre, qui incite les victimes à porter plainte.
Du 1er janvier au 31 décembre 2014, 901 fiches ont été comptabilisées, un chiffre supérieur de 27% à la moyenne annuelle de cet Observatoire (707), mis en place en 2003 par le Conseil de l'Ordre national des médecins et Ipsos.
"Le coupe-gorge par excellence"
A Stains, en Seine-Saint-Denis, les violences font partie du quotidien de ce médecin urgentiste. Au volant de sa voiture, qui est aussi son cabinet, Azzedine regarde d'un air désabusé tous ces endroits où il ne peut plus aller, par sécurité. Comme ici, cet immeuble insalubre...
"Donc ici, il n’y a jamais de lumière, montre-t-il à RMC. Il n’y a aucun lampadaire, nulle-part. C’est vraiment le coupe-gorge par excellence… La nuit, je vous garantis que vous réfléchissez avant d’y aller."
Du coup il doit s'adapter et trouver des techniques pour la consultation puisse se faire. "Quand on arrive à ce niveau-là, on donne rendez-vous aux gens - par exemple, là, il y a une poste," ajoute le médecin urgentiste.
"Parfois, on utilise notre droit de retrait"
Mais parfois c'est trop dangereux. Et c'est la mort dans l'âme qu'il fait demi-tour.
"Souvent, quand on arrive à ces situations-là, que l’on trouve une bande de jeunes cagoulés, masqués, etc. On est obligé d’appeler la régulation du Samu pour dire que l’on est en situation d’insécurité et qu’on utilise notre droit de retrait, reprend Azzedine. Parce que la sécurité n’est pas garantie."
En dix ans, le nombre d'agressions enregistrées par l'Ordre des médecins a bondi de 45%.