Bouteilles de rhum, pots de confiture… les dealers rivalisent d'ingéniosité pour cacher la drogue

REPORTAGE - Les douanes ont saisi près de 17 tonnes de cocaïne en 2015, un record, deux fois supérieur au meilleur résultat annuel jamais atteint. RMC s'est rendue au centre de tri de La Poste de Chilly-Mazarin (Essonne) où une équipe spéciale est dédiée à l'interception de colis contenant de la drogue.

Nouveau record pour les douanes françaises: 17 tonnes de cocaïne ont été saisies en 2015, selon un bilan rendu public ce jeudi. C’est deux fois plus qu’en 2011 (8,3 tonnes) qui était pourtant une année record dans les saisies de cocaïne. En 2014, les douaniers avaient saisi 6,6 tonnes de cocaïne, soit 2,5 fois moins. La drogue est interceptée partout: sur les routes, à la sortie des bateaux mais aussi beaucoup dans les colis postaux.

"Une odeur caractéristique de la cocaïne"

C'est pourquoi, tous les jours, 18 douaniers traquent les colis suspects au centre de tri de La Poste de Chilly-Mazarin, dans l’Essonne. Car les paquets qui arrivent en France ou qui en partent par avion ou bateau transitent obligatoirement par ce Centre d’échanges international (CEI). RMC s'est rendue sur place pour observer comment fonctionnent ces douaniers alors même qu'une statue en provenance du Pérou alerte Olivier Gourdon, chef divisionnaire des Douanes.

"On trouve que l'odeur est un peu forte donc on se demande si ça ne vaut pas le coup de la passer aux rayons X pour voir s'il n'y a pas une double paroi, explique-t-il. Cela pourrait être en effet une odeur caractéristique de la cocaïne". Effectivement, sur l'écran de contrôle une cache apparaît au bas de la statue. "On va donc percer le socle car avec une telle suspicion il faut vraiment tenter", détaille encore Olivier Goudron.

La production ne cesse d'augmenter

Après avoir percé le dessous de la statue, de la poudre en sort. Un test est donc nécessaire qui s'avérera négatif: "Ce n'est pas de la cocaïne car c'est ressorti de couleur rose et non bleu-violet". Les douaniers s'interrogent donc sur l'origine de ce produit car "il y a quand même quelque chose de bizarre". Après différents tests, le verdict tombe: "C'est de l'éphédrine" à savoir "un précurseur de drogue", selon un douanier qui reconnaît que "c'est la première fois" qu'ils en trouvent à Chilly-Mazarin. Plus précisément, l'éphédrine est une substance permettant de fabriquer de la méthamphétamine, une drogue de synthèse.

Pas de cocaïne donc ce jour-là, mais les douaniers l'assurent: ils en saisissent chaque semaine même si les dealers rivalisent d'ingéniosité pour cacher la marchandise. "Il nous est arrivé de trouver de la cocaïne liquide dans des bouteilles de rhum ou encore des boulettes cachées dans des pots de confiture", assure Olivier Goudron. L’an passé près de 70 kilo de cocaïne ont été saisis dans ce centre de tri de la Poste. Si les moyens de détection sont plus efficaces, la production ne cesse d’augmenter…

M.R avec Antoine Perrin