Clients "ciblés" par la police: "Les fumeurs de cannabis sont des gens aisés"
Face à la difficulté de s'attaquer aux trafiquants de cannabis, l'État cible… les acheteurs. Pour venir à bout du trafic de drogue à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, et enrayer l'économie souterraine qui en découle, le ministre de l'intérieur Bernard Cazeneuve a donné pour ordre à la police de "cibler" les clients.
Une première opération de contrôles a été mise en place mercredi, dans la commune. 34 policiers et 6 douaniers ont contrôlé les personnes qui venaient se fournir. 56 acheteurs et 3 vendeurs ont été interpellés et contrôlés. Parmi eux, 49 consommateurs, dont quatre mineurs, ont dû s'acquitter d'une amende et 2 personnes ont été placées en garde à vue.
"Les vendeurs calquent le modèle de la grande distribution"
Mais qui sont les consommateurs ? D'après les autorités, "les acheteurs vont des soixante-huitards de 60 ans aux jeunes bobos de 15 ans. Il y a toutes les catégories sociales". RMC a rencontré Jérémy, parisien de 28 ans. Saint-Ouen fait partie des points de vente où il s'est approvisionné. Et s'il a besoin de cannabis aujourd'hui à Paris, ce père de famille sait où aller: "Je vais plutôt aller me balader vers les portes de Clignancourt et des Lilas (limites nord et nord-est de Paris)".
"Là-bas on trouve très facilement, il suffit de se promener pour être abordé par quelqu'un qui vous propose des stupéfiants".
"Les vendeurs calquent le modèle de la grande distribution et se mettent sur les points de passage, les points faciles d'accès en transports en commun, donc les portes de Paris sont un lieu idéal de passage", explique-t-il.
"Les consommateurs sont des gens aisés"
Jérémy se rend régulièrement sur ces points vente. A chaque fois, il repart avec un sachet d'herbe ou de la résine de cannabis. Le tout sans jamais être inquiet.
"Tout le monde sait que si on dispose de moins de 2 ou 3 grammes de stupéfiants sur soi, les policiers n'ont pas le temps de vous embarquer et de faire un rapport".
"A la rigueur il y aura une saisie et une destruction immédiate par les forces de l'ordre, mais les consommateurs ne sont pas inculpés dans ce cas-là".
En fait, ce père de famille dit avoir plus peur du comportement des vendeurs. De très jeunes vendeurs parfois agressifs. Mais à chaque fois qu'il va chercher son sachet, il croise d'autres consommateurs. "Beaucoup me ressemblent : j'ai fait des études, j'ai un Master 2 en commerce internationale, je gagne très bien ma vie. Finalement les consommateurs sont des gens aisés", estime-t-il. Et pour satisfaire les consommateurs comme lui, les dealers s'adaptent en proposant de plus en plus la livraison de cannabis à domicile.