Conflit Ukraine/Russie: faut-il craindre une guerre?
Les tensions sont encore montées d’un cran autour de l’Ukraine. On assiste à une escalade entre la Russie et les Etats-Unis. Peut-on vraiment parler d’un risque de guerre ? Ce qui est sûr, c’est que la guerre des nerfs a commencé. Et c’est Joe Biden qui est à la manœuvre. Le président américain est dans une phase où il montre ses muscles.
Les Etats-Unis ont annoncé ce mardi la mise en alerte de 8.500 militaires prêts à intervenir dans les cinq jours. Et Washington a ordonné le départ des familles des diplomates américains en Ukraine. Deux messages très forts pour montrer que l’on envisage une guerre, que l’on s’y prépare. Les Etats-Unis évoquent le risque imminent d’une invasion de l'Ukraine par l’armée russe.
Et de fait, la Russie se prépare aussi militairement. Depuis novembre, la Russie ne cesse de masser toujours plus de soldats aux frontières de l’Ukraine: 127.000 hommes d'après les Américains. Et des grandes manœuvres sont en cours. 6.000 soldats russes participent à des entraînements à la frontière de l'Ukraine. Des manœuvres aériennes avec des chasseurs et des bombardiers, des manœuvres navales avec la flotte de la mer Noire. Là encore, le message est extrêmement clair : les Russes, eux aussi, font savoir qu'ils se préparent à la guerre.
Alors quels sont les scénarios qui se dessinent ? Le scénario du pire est heureusement assez peu vraisemblable. Le pire, ce serait une invasion de l’Ukraine par les troupes russes et une riposte militaire de l’OTAN. Ce n’est pas le plus probable parce qu’on imagine pas Joe Biden envoyer des soldats américains se faire tuer en Ukraine. Alors qu’à l’inverse, Vladimir Poutine n’aurait aucun problème à subir des pertes dans un éventuel conflit…
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C’est plus à une riposte économique qu’il faut s’attendre
En cas d’invasion ou d’incursion de la Russie en Ukraine, c’est plus à une riposte économique qu’il faut s’attendre. Les Américains préparent des sanctions d’une sévérité sans précédent. Il est question d'interdire l’utilisation du dollar aux banques russes. Ou d’exclure toutes les sociétés financières russes du système SWIFT. C’est un réseau contrôlé par une société belge, qui permet les échanges automatiques et sécurisés entre banques. 40 millions de transactions y transitent chaque jour. Si les banques russes n’y avaient plus accès, il faudrait qu’elles ressortent les fax ou les télex. Un bond de 30 ans en arrière et une catastrophe potentielle pour l’économie russe. On a parlé d’une arme économique de dissuasion massive.
Lundi soir, Joe Biden a réuni en visioconférence les principaux dirigeants européens, dont Emmanuel Macron, Boris Johnson, le chancelier allemand et le président polonais. Et tous sont tombés d’accord pour imposer à la Russie un coût économique "sévère" et des conséquences massives en cas d’agression de l'Ukraine.
Est-ce que la France est sur une ligne aussi dure que celle des Américains ? Pas vraiment. Mardi soir, Emmanuel Macron était à Berlin et avec le chancelier Olaf Scholz, il a tenu un discours plutôt conciliant. Il a certes déclaré qu’en cas d’agression, "la riposte serait là". Mais, en même temps, il a indiqué que la France et l'Allemagne misent sur le dialogue et cherchent le chemin de la désescalade. Paris a envoyé à Moscou un de ses meilleurs diplomates, Pierre Vimont, pour organiser un coup de fil entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine vendredi. La France et l'Allemagne sont aujourd’hui clairement moins va-t-en-guerre que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne…