Contrôle au faciès: "Pour nous, c'est une forme d'humiliation"
Selon une récente étude, un individu se fera entre six et huit fois plus contrôler son identité si elle est noire ou maghrébine. Un fait dénoncé de longue date par les associations de lutte contre le racisme. Ainsi, régulièrement, des plaintes pour contrôles d'identité au "faciès" sont déposées mais jamais elles n'aboutissent à des condamnations. Jusqu'à ce mercredi… En effet, alors que treize plaignants, des hommes noirs ou d'origine maghrébine, dénonçaient des contrôles abusifs, cinq d'entre eux ont obtenu gain de cause.
Précisément, la cour d'appel de Paris a condamné l'Etat pour "faute lourde", lui ordonnant de verser 1 500 euros de dommages et intérêts à chacun des cinq plaignants concernés. Ce jeudi sur RMC, Régis, 24 ans, un des cinq plaignants ayant obtenu gain de cause, revient dans un premier temps sur les faits. "Je venais de mes courses avec deux de mes amis. Là, on croise des policiers. On s'est immédiatement dit qu'ils allaient venir nous voir. Ça n'a pas manqué, ils sont venus nous contrôler. Ils nous ont dit de nous mettre sur le côté. On a demandé 'Pourquoi?'. Ils nous ont répondu que 'tout allait bien se passer'. Le problème, c'est qu'il n'y avait aucun motif de contrôle".
"Une triste réalité"
Un sentiment d'injustice pour Régis et ses amis: "Ils appellent ça des 'contrôles de routine' qui se font en fait en raison de la couleur de peau. Pour nous, c'est une forme d'humiliation. Dans le cas présent, le contrôle a eu lieu à proximité de là où je travaille, je vis. J'ai de la famille, des amis qui passent par-là, des gens me regardent comme si j'étais le dernier des criminels, comme si j'avais commis un crime immonde, alors que ce n'est pas le cas..."
Il ajoute: "C'est une triste réalité, quelque chose que l'on subit au quotidien. Lorsque je me balade avec des amis blancs, il n'y a jamais de problème. Mais le jour où je suis avec deux de mes amis noirs ou deux de mes amis arabes, le contrôle est quasi-systématique". C'est pourquoi Régis se réjouit de la décision de la cour d'appel qu'il qualifie "de très grande victoire".