Débarquement en Provence: "Une grande joie mêlée d’angoisse"

Le débarquement en Provence, dans la nuit du 14 au 15 août 1944, fut un succès militaire immédiat. - RMC
En ce 15 août 2014, nous fêtons les soixante-dix ans de l’autre débarquement, celui qui se déroula en Provence: près de 450.000 soldats de la septième armée américaine, transportés par 850 bateaux et 2000 avions, ont déferlé sur les côtes varoises. Objectif: constituer une ligne de front de 25 km de long. Ce fut un succès militaire immédiat. Le 28 aout, Marseille et Toulon étaient libres.
Les premiers arrivés en Provence étaient 9000 parachutistes américains, qui ont sauté dans la nuit du 14 au 15 août à La Motte dans le Var, pour s’emparer de l’arrière-pays. Simone Imbert avait 14 ans à l’époque et cette nuit-là, comme la plupart des habitants, elle ne se doutait absolument pas de ce qui allait tomber du ciel. "Ca a été une nuit un peu agitée, on entendait des coups de canon", raconte-t-elle. "Et puis, vers 3 heures du matin, on entend la voisine qui nous appelle: ‘Levez-vous! C’est le débarquement!"
"Le soleil était couvert par les avions!"
Jean-Ramella, lui, n’a pas été surpris. Il avait 23 ans et faisait partie de la résistance au sein des FFI. Sa mission était d’escorter les parachutistes jusqu’à leur point de ralliement. Il raconte cette folle nuit au micro de RMC: "Les premiers parachutistes, nous les avons trouvés dans le pré du pigeonnier. J’avais un groupe de quinze ou vingt, et en cheminant le moins possible sur la route, je les ai conduits à travers les vignes. Nous ne pouvions pas leur dire: 'Suivez la lumière', il n’y en avait pas ! C’était encore la nuit. Nous étions la cible de tirs, bien sûr, mais rien de grave ne s’est passé. Il n’y a eu aucun blessé". Lorsque le jour s’est levé, le spectacle fut si grandiose qu’il est impossible pour Simone de l’oublier. "Au-dessus de nos têtes, nous avions des avions, des planeurs… Et cela, c’est resté gravé: le soleil était couvert par les avions", explique-t-elle, très émue. Pour Jean, le résistant, c’était enfin le grand jour, si attendu. "Mon sentiment? Une joie mêlée d’angoisse. Nous attendions ce moment, il était enfin là, avec les risques. Mais c’était une grande joie," conclut-il. A 11 heures du matin ce 15 août 1944, La Motte était officiellement le premier village varois libéré.