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Déchéance de nationalité: "Le vrai sujet, c'est le droit du sang", estime Hervé Mariton

Le député Les Républicains Hervé Mariton, invité ce jeudi de Jean-Jacques Bourdin, a estimé que le Premier ministre Manuel Valls faisait "exprès de semer le brouillard" sur la déchéance de nationalité.

C'est à n'y plus rien comprendre. Le Premier ministre Manuel Valls a présenté mercredi une version remaniée du projet de révision constitutionnelle qui ne comporte plus de référence aux binationaux dans l'article consacré à la déchéance de la nationalité. Cette évolution par rapport au texte initial est une concession aux très nombreux responsables politiques, surtout à gauche, qui redoutaient une "stigmatisation" des binationaux.

"Le Premier ministre a fait exprès de semer le brouillard", juge Hervé Mariton, député Les Républicains, invité ce jeudi de Jean-Jacques Bourdin. "Il a répondu à l'injonction d'un certain nombre de socialistes qui ne voulaient pas qu'il y ait de distinction entre les Français selon leurs origines. Et donc il fait semblant de dire que la déchéance peut s'appliquer à tous. Mais en réalité, comme il a rappelé par ailleurs qu'il ne pouvait y avoir d'apatrides en France, la déchéance ne sera pas possible pour les personnes qui auraient une seule nationalité".

"Je ne voterai pas la déchéance de nationalité…"

Quoi qu'il en soit, Hervé Mariton "ne votera pas" cette mesure. "Elle ne servira à rien, elle est d'une extrême confusion. Je ne la voterai pas, et j'en ai assez que la politique se résume à du théâtre. Les Français n'attendent pas d'effets d'annonce, mais une amélioration véritable des conditions de sécurité dans notre pays". "Le terroriste qu'on va menacer de déchéance, il va en être fier, poursuit-il. On tombe dans le panneau. Un terroriste doit d'abord être pris pour ce qu'il est: un criminel. On a besoin d'actions réelles et pas du baratin qui tourne autour de la déchéance".

Selon le député Les Républicains, le gouvernement se trompe de sujet. "Le vrai débat - je suis un des rares à l'assumer -, c'est celui de l'acquisition de la nationalité. C'est pourquoi je suis favorable au droit du sang (aujourd'hui c'est le droit du sol qui s'applique en France, la nationalité française est acquise à partir du moment où l'on est né sur le sol français, NDR), avec possibilité de naturalisation quand la personne est bien intégrée et assimilée dans la société française. Le droit du sang, c'est ça le vrai sujet".

"Si on doit attendre la fin de Daesh pour sortir de l'état d'urgence..."

Hervé Mariton a assuré par contre qu'il voterait la prolongation de l'état d'urgence, instauré après les attentats du 13 novembre. "Je la voterai probablement la fois qui vient, mais je ne suis pas sûr de la voter la fois d'après. Pour moi cela n'a rien d'automatique". "Il faut le prolonger, mais il faut régler les problèmes autrement que cela. Si on doit attendre la fin de Daesh pour sortir de l'état d'urgence, comme le dit Manuel Valls, on n'est pas sorti de l'auberge".

Philippe Gril avec JJ. Bourdin et AFP