Depuis Charlie, les candidatures pour l'armée de Terre explosent

- - Jean-Christophe Verhaegen - AFP
C'est un des effets Charlie : l'armée de Terre connaît une hausse considérable des candidatures spontanées depuis les attentats de janvier. En 2014, 120.000 candidats avaient rempli le formulaire en ligne. Fin 2015, ils seront 170.000, assure l'armée. Soit une hausse de 40%. Les centres de recrutement de l'armée tournent à plein régime. Comme celui de Paris, où s'est rendue RMC, ce mercredi.
Pour certains jeunes, ce sont bien les attentats de janvier qui ont déclenché l'envie de s'engager. A l'image de Benjamin, âgé de 20 ans. Le jour de l'attaque de Charlie Hebdo, il était devant sa télévision. Il s'en souvient encore. "Ça m'a beaucoup marqué, d'autant que le policier a été assassiné en bas de chez mes parents. Je me suis dit : 'il faut faire quelque chose', et ça a boosté ma candidature". Il en est sûr : "Je contribuerai à ne pas rester passif face à ça".
"Apprendre à se protéger et à protéger notre famille"
Et de la motivation, il en faut, notamment pour passer les éprouvants tests physiques. "C'est dur, mais bon, on fait avec", souffle Sébastien, en plein effort devant les recruteurs attentifs aux performances des candidats. Pas question pour le jeune homme de s'écrouler, lui qui ne pense qu'à une chose: "protéger [sa] famille". "Vu les conflits en ce moment, et alors qu'on n'est même pas en sécurité dans notre propre pays, il va falloir apprendre à se protéger et à protéger notre famille".
Les attentats auraient-ils créé un sursaut patriotique ? C'est le sentiment du lieutenant-colonel Crous, qui fait partie des recruteurs. "Aujourd'hui les jeunes ont plus facilement tendance à exprimer ce besoin de défendre la France, ses valeurs, une certaine vision de la société également. Il y a encore quelques années on se disait que la France c'était quelques chose d'éternelle, d'immuable. Mais on se rend compte finalement que le danger se rapproche de nos frontières et qu'aujourd'hui on a peut-être intérêt à défendre ses proches et ce en quoi l'on croit".
"Des candidats âgés de 50 ans"
Cette année, au-delà du nombre, c'est aussi le profil des candidats qui surprend les recruteurs de l'armée. "Nous avons certaines personnes de 30, 40, 50 ans qui nous demandent : 'qu'est-ce que je peux faire pour aider ? Dites-moi quelle est la possibilité pour moi de m'engager ou pour vous donner un coup de main dans le cadre de la dégradation de la sécurité liée aux attentats ?'", raconte Éric de Lapresle, chef du bureau marketing et communication de recrutement de l’armée de terre. "On n'avait jamais connu ça ". "Peut-être que dans cette période, les uns et les autres se sont sentis plus concernés par des problématiques sécuritaires".
Tous les candidats ne seront évidemment pas retenus. L'armée recrutera cette année 15.000 jeunes. C'est 5.000 de plus que l'an dernier.