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Des députés quittent une réunion face à une étudiante voilée: qui est Maryam Pougetoux?

LE PORTRAIT DE POINCA -  Maryam Pougetoux, porte-parole de l’UNEF, le syndicat étudiant, a suscité une polémique en venant voilée, jeudi à l'assemblée nationale.

C'est une scène qui fait polémique: des députés LR et une élue LREM ont quitté jeudi une audition à l'Assemblée sur le Covid-19 et la jeunesse, pour protester contre la présence d'une syndicaliste étudiante voilée.

Alors que les parlementaires participaient à l'audition de représentants de syndicats étudiants dans le cadre de la nouvelle commission d'enquête "pour mesurer et prévenir les effets de la crise du Covid-19 sur les enfants et la jeunesse". Après la prise de parole des syndicalistes étudiants, le député du Pas-de-Calais (LR) Pierre-Henri Dumont, faisant un "rappel au règlement", s'est indigné du voile porté par la vice-présidente de l'Unef, Maryam Pougetoux, en estimant qu'il s'agissait d'un "acte communautariste délibéré" qui enfreignait "le principe de laïcité auquel doit s'astreindre notre assemblée". L'argument a été battu en brèche par la présidente de la commission, l'élue de Haute-Garonne Sandrine Mörch, qui a déploré un "mauvais procès" en rappelant qu'"aucune règle n'interdi(sait) le port de signe religieux pour les personnes auditionnées". Les députés LR qui ont quitté la salle ont été rejoints par Anne-Christine Lang (LREM), pour laquelle le "port du hijab" est "incompatible" avec ses "valeurs". 

Mais qui est cette jeune femme?

A 21 ans, Maryam Pougetoux, qui fait des études de lettres à la Sorbonne, est porte-parole de l’UNEF au niveau national. 

Ses deux parents sont des catholiques convertis à l’Islam: elle dit avoir grandi dans une famille où il y avait des catholiques et des musulmans et où les déjeuners du dimanche se passaient bien. Elle porte le voile depuis la fin du collège: elle l’enlevait quand elle entrait au lycée parce que c'était interdit. Et le garde à la fac parce que c’est autorisé. 

La polémique de jeudi à l'Assemblée n’a pas dû la surprendre: en 2018, elle s’était déjà retrouvée au milieu d’une invraisemblable tempête médiatique, comme seule la France en a le goût. Elle avait donné - avec son voile - et au nom de son syndicat, une très courte interview qui était passé dans un reportage du journal de M6. Quelques secondes. Les défenseurs de la laïcité s'étaient insurgés. Puis le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb était venu ici, dans la matinale de RMC, pour se dire choqué et parler d’une provocation. 

New York Times et Charlie Hebdo

A 19 ans, la jeune fille avait même fait la Une de Charlie Hebdo avec une caricature, avait eu son portrait dans le New York Times. Le journal américain parlait de “l’incroyable crispation” française autour de ce sujet. 

Pendant ce temps, Maryam était restée très discrète, ne donnant qu’une poignée d’interviews pour expliquer qu’il ne fallait voir aucun symbole politique dans son port du hijab. L’hebdomadaire Marianne avait pourtant ensuite publié une enquête la présentant comme le symbole d’une dérive communautaire a l’UNEF. Proche de ceux qui défendent les réunions non mixtes, c'est-à-dire sans hommes, ou bien des séminaires non-mixtes, racisés, c'est-à-dire sans blancs. Les anciens dirigeant de l’UNEF qui sont tous devenus des notables socialistes s’arrachent les cheveux devant cette génération qu’ils ne reconnaissent pas…

Nicolas Poincaré