Des proches d'Abdel Malik Petijean témoignent: "Il nous disait que les terroristes étaient des fous"
Le second assaillant de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray a été formellement identifié ce jeudi. Il s'agit d'Abdel Malik Petitjean, 19 ans, originaire de Saint-Dié-des-Vosges. Son nom est d’abord apparu sur une carte d’identité retrouvée peu après l’attentat, au domicile familial d’Adel Kermiche, le premier terroriste identifié. Mais la confirmation de son état civil n'a pu être possible qu'après les résultats d’une comparaison génétique avec l’ADN de sa mère.
Contrairement à Adel Kermiche, l'autre terroriste qui avait été placé en détention provisoire pour avoir tenté à deux reprises de rejoindre la Syrie, Abdel Malik Petitjean n'était pas connu de la justice. Il était toutefois fiché S pour radicalisation depuis le 29 juin car soupçonné d'avoir à son tour voulu se rendre en Syrie, selon une source proche de l'enquête. Il était allé en Turquie le 10 juin, mais en était revenu dès le lendemain, Ankara ne le signalant que plus tard, à la fin juin, aux autorités françaises.
"Je n'arrive pas à y croire"
Depuis près de deux ans, le jeune homme vivait, en famille, dans le quartier Franklin Roosevelt, à Aix les Bains. Sur place, c'est le profil d'un jeune homme qui a su cacher ses intentions à tout son entourage qui se dessine. Par exemple, Issa, l'un de ses proches, nous montre une photo d'Abdel Malik et lui prise en boîte de nuit il y a moins d'un an. Il n'en revient toujours pas: "Quand je vois cette photo, je ne peux pas imaginer que c'est un terroriste à côté de moi, que c'est quelqu'un qui a égorgé un homme. Je n'arrive pas à y croire".
Car Abdel Malik participait à la vie du quartier, sans faire de vague, sans éveiller les soupçons. "Il faisait du foot avec les gosses et s'amusait avec les jeunes, témoigne un des habitants. On faisait des barbecues il était toujours là. On n'aurait jamais cru qu'il ferait ça". Malgré tout, ici, personne ne lui connait de vrais amis. Abdel Malik Petitjean était plutôt du genre discret. Il renvoyait l’image d’un garçon sérieux.
"Quand il est revenu, il était bizarre"
"Il cherchait du travail. Il lui arrivait de trouver des missions intérimaires, assure cet homme. En plus, lui a eu un bac… C'était quelqu'un d'intelligent, de cohérent. C'était même quelqu'un d'adorable". Depuis près d’un an, le jeune homme allait tous les jours à la mosquée, juste à côté de son quartier. Et faisait même des leçons de morale aux plus jeunes. "Il nous disait que ce n'était pas bien de voler, qu'il fallait prier, se souvient l'un d'eux. Il nous parlait aussi des terroristes en nous disant que ce n'était pas bien ce qu'ils faisaient, que c'étaient des fous".
Pourtant, au printemps, après un séjour à Paris, certains affirment que son attitude a changé, qu'il était différent: "Quand il est revenu, il était bizarre. Il ne parlait pas trop. On ne le voyait pas trop, il faisait des trucs dans son coin. Il traînait avec des gens qu'on ne connaissait pas. Des gens bizarres", assure ce jeune. Et son ami d'ajouter: "L'un d'eux avait une grosse djellaba bizarre. Ce ne sont pas des gens quand ils viennent on sent qu'ils apaisent. Non, ils étaient un peu agressifs…" Pas de quoi s’inquiéter pour autant. Les jeunes du quartier estiment n'avoir rien à se reprocher. S’ils n’ont rien vu, disent-ils, c’est qu’Abdel Malik a tout dissimulé.