Des producteurs de lait reçus par le pape: "On espère qu'il va relayer notre situation"

TEMOIGNAGES - Une groupe de 120 producteurs laitiers, dont une dizaine de Français, rencontrent ce mercredi le pape François au Vatican. Leur but est de sensibiliser le Saint-Père à leur situation comme l'explique à RMC Jean-Luc Pruvost, agriculteur dans l'Aisne et membre de la délégation.

Ils espèrent un miracle. Ce mercredi, 120 producteurs de lait venus de toute l’Europe, dont une dizaine de Français, rencontrent le pape François au Vatican. Ils viennent sensibiliser le Saint-Père sur leurs difficultés économiques, sur la surproduction européenne de lait et les prix toujours plus bas. C’est entrevue est en quelque sorte la rencontre de la dernière chance pour ces producteurs, considérant avoir tout essayé avec les responsables politiques, comme l'indique à RMC Jean-Luc Pruvost, agriculteur dans l’Aisne et membre de la délégation.

Baisse du prix au litre

"On a rapidement vu que les politiques et les responsables de l'agriculture n'étaient pas prêts à nous défendre, s'insurge-t-il. Ils ont même fait le contraire de ce qu'ils nous avaient dits. On espère donc avoir une écoute du pape, qu'il va relayer notre situation". L'enjeu est tellement important que le Saint-Père devrait donc jouer au lobbyiste de prestige donc auprès des chefs d’Etat.

Il faut dire que depuis la fin des quotas laitiers, en 2010, l’Europe produit du lait sans limite. Mais le prix au litre est passé de 40 centimes d'euros il y a un an, contre 28 centimes d'euros aujourd’hui. Une baisse des prix forcément non sans conséquences: "La fluctuation des prix est difficile à gérer à notre niveau puisque les investissements sur nos fermes sont de plus en plus lourds", estime Jean-Luc Pruvost.

"Il y a un énorme problème"

Et d'ajouter: "Beaucoup de fermes ferment dans le département. On parle de près de 35 redressements judiciaires. En 25 ans de carrière, je n'ai jamais entendu un chiffre aussi élevé. On sent bien qu'il y a un énorme problème". Alarmiste, cet agriculteur déclare encore: "C'est la compétition et qui dit compétition dit qu'il va y avoir des morts".

Eleveur lui aussi, Richard Blanc est resté en France. De son côté, il en appelle à l’Europe avec un discours très clair: "Faites une régulation ! Empêchez-nous de produire car on ne sait pas se réguler nous-mêmes ! C'est complètement idiot ce que l'on fait. C'est pour ça que l'on va voir le pape pour s'expliquer, pour qu'il monte au créneau en demandant d'arrêter ces conneries". Et de conclure: "Ce que l'on recherche c'est une moralité".

Maxime Ricard avec Lionel Top